La Hiérarchie des Forces Créatrices du penser
Dans la première partie de cet essai la question de l’identité de Denys l’Aréopagite fut discutée. Dans cette seconde partie seront pris en considération des contenus parallèles et différents entre la doctrine de Denys l’Aréopagite et l’anthroposophie.1
Le traité sur La Hiérarchie
céleste de Denys l’Aréopagite renferme la première
description systématique des Anges, dans un triple ordonnancement
dont chaque partie est elle-même à chaque fois divisée en trois.
Pour cet ordonnancement, il forgea le nouveau terme de Hiérarchie
— de hieros (= sacré) et arché (= origine,
principe, principe-guide, direction). Ce « chœur des Anges »
devait par la suite décorer, d’innombrables icônes, portes
d’église, vitraux et Bibles. Les noms grecs que Denys a choisis
pour les Hiérarchies angéliques, se rencontrent cependant aussi
dans plus de 150 volumes de l’édition complète de l’œuvre de
Rudolf Steiner. Et si nous réfléchissons au fait que Steiner a
traduit ces noms, par ailleurs dans des concepts allemands imagés et
qu’il parlait de « Dieux », parfois seulement, alors
nous pouvons affirmer que les Hiérarchies angéliques de Denys se
présentent presque dans chaque volume de son œuvre. Ainsi nous
trouvons, par exemple dans La science de l’occulte en esquisse,
les noms des Hiérarchies de Denys en langue grecque comme en
traduction allemande. Dans les conférences qu’il a tenues, pendant
qu’il rédigeait sa Science de l’occulte, les
dénominations latines viennent encore s’adjoindre aux noms grecs
et à ceux allemands imagés. Il dit par exemple :
La première Hiérarchie qui se divise en trois, nous venons tout juste de la considérer. Les entités de la deuxième Hiérarchie, dont nous avons déjà cité les noms : 1. les Kyriotetes ou Dominations ou Dominationes ou encore Esprits de la sagesse, ensuite
2. les Vertus, comme on les nomme, ou bien les Dynamis — comme les appelait Denys l’Aréopagite et après lui, les maître de l’occident, — virtutes ou Vertus. C’est là le deuxième niveau de la deuxième Hiérarchie.
Et le troisième niveau sont les Puissances comme on les appelle. Ce sont les Esprits de la forme, qui ont aussi été désignés par les maîtres d’occident Potestates, ce sont les Puissances.2
2. les Vertus, comme on les nomme, ou bien les Dynamis — comme les appelait Denys l’Aréopagite et après lui, les maître de l’occident, — virtutes ou Vertus. C’est là le deuxième niveau de la deuxième Hiérarchie.
Et le troisième niveau sont les Puissances comme on les appelle. Ce sont les Esprits de la forme, qui ont aussi été désignés par les maîtres d’occident Potestates, ce sont les Puissances.2
Cela étant les Hiérarchies angéliques
dans les œuvres des deux auteurs, Denys et Rudolf Steiner, sont
caractérisées comme des « Intelligences » ou des
« Forces du penser ». Denys les appelle « êtres-idées
d’Ange », elles sont aptes au penser et accessibles pour le
penser [humain, ndt] »3.
Et il les appelle sans cesse expressément « Forces du
penser »4,
qui inspirent et élèvent l’être humain et par lesquelles il peut
parvenir à connaître le divin en soi, dans la nature vivante et
dans le Cosmos. Elles nous invitent à l’anagogé, comme dit
Denys, à savoir à entrer dans un cheminement intérieur, qui mène
à la connaissance des forces supérieures du penser5
Rudolf Steiner en vient sans cesse à
parler des Hiérarchies angéliques de Denys, depuis les tous
premiers cycles de conférences sur l’anthroposophie qu’il
remania,6
jusqu’aux cours de la Klasse de 1924 à la fin de sa
vie.7
Mais nous devons nous souvenir qu’il ne suivit pas sans plus
l’enseignement de Denys, mais développa, au contraire, sa propre
vision intuitive toute personnelle des Hiérarchies angéliques.
1
Voir Michiel ter Hoerst : Denys l’Aréopagite &
l’anthroposophie — qui était l’inconnu Denys ?, dans
Die Drei 12/2017. L’auteur réalisa la
première traduction complète en néerlandais du Corpus
Dionysiacum : Dionysius de Areopagiet. Verzameld
werken (Zeist 2015). Les écrits
de Denys l’aréopagite renferment (en dix lettres et quatre
traités) : Noms divins (ND), Théologie mystique
(dans ce qui suit, T.M.), Hiérarchie céleste (HC),
Hiérarchie ecclésiastique (HE) et diverses lettres.
2
Rudolf Steiner : Les Hiérarchies spirituelles et leur
reflet dans le monde physique (GA 110), Dornach 1991,
p.83.
3
ND 7, 2.
4
En cela, ici, il suit Platon et Proclus, le nous grec étant
aussi traduit par « intelligence » ou « esprit » ;
mais « force du penser » relève plus de l’esprit de
Denys qui associe, à dix reprises dans ND 7,2, le terme nous
avec diverses étymologies de noein (= penser).
5
Voir : HC VII, 4, 212b & X, 2 273b.
6
Voir Rudolf Steiner : La mystique à l’aube de la
vie spirituelle des temps modernes et sa relation à la conception
moderne du monde (GA 7), Dornach 1987.
7
Voir ; Instructions ésotériques pour le première
Klasse de l’université pour la science de l’esprit au
Goetheanum 1924 (GA 270), Dornach 1999.
Denys l’Aréopagite ne concède aux
Hiérarchies aucun rôle créateur — sauf que dans sa vision, les
Anges allument chez les êtres humains le désir du discernement et
de la pureté et le conduisent sur leur cheminement cognitif
ascensionnel. Ainsi en tout cas est lu et compris en général le
précepte des Hiérarchies de Denys. Rudolf Steiner lit pourtant ce
précepte et le comprend tout autrement. Chez lui, les Hiérarchies
ne jouent pas seulement un rôle décisif lors de la purification,
l’illumination et l’initiation de l’être humain, mais leurs
activités se reflètent surtout dans le monde physique. Il décrit
les Hiérarchies angéliques comme accomplissant la volonté divine,
avec un rôle central dans le processus de la Création, à
l’occasion de quoi elles contemplent continuellement Dieu. « Dieu
fait cela au travers d’elles »1,
dit Rudolf Steiner. Avec cela il confère à son enseignement des
Hiérarchies une nuance toute nouvelle. Par contre, Denys n’utilise
pas une fois le terme « Hiérarchies » dans son ouvrage
sur la cause de la réalité (« Sur les Noms de Dieu »),
ni non plus dans sa discussion au sujet de la question : « pourquoi
les êtres vivants sont au-dessus de ce qui n’est qu’existant,
pourquoi ceux qui sont dotés de perception sont au-dessus de ceux
qui vivent seulement, et pourquoi le langage est au-dessus de la
perception sensible et le penser supérieur au parler ».2
Il est pensable que Denys, avec ce positionnement interrogatif,
renvoie à une structure hiérarchique de la réalité, car il
caractérise nonobstant « être », « vie » et
« parole », comme des Noms de Dieu, à savoir bel et bien
comme des aspects de la réalité divine. Mais en général cela
n’est pas lu ainsi, parce que le mot « Hiérarchie »
fait alors justement défaut. Et l’on admet donc généralement que
Denys n’avait aucune structure hiérarchique en vue et que chez
lui, les forces hiérarchiques du penser étaient privées d’une
relation vivante avec l’être, la vie et la parole.
Rudolf Steiner esquisse
l’ordonnancement de l’essence céleste carrément comme une
hiérarchie des forces créatrices du penser. Dans La Science
de l’occulte en esquisse3,
il décrit son principe des Hiérarchies comme une image du monde
universelle dynamique dans laquelle les Hiérarchies, en tant
qu’entités créatrices et actives ont fait naître notre Terre à
partir de son état d’incarnation planétaire précédent et
continuent encore d’œuvrer aujourd’hui à sa création. D’une
part, avec cette image du monde, il jette des ponts entre les
enseignements spirituels de l’Orient et de l’Occident4,
d’autre part, il insiste sans cesse sur le fait que
l’ordonnancement du monde, dans sa totalité, a adopté une forme
chrétienne, parce que le Christ Jésus y est apparu. Il décrit la
vertu créatrice de Dieu, qui agit jusqu’à l’être humain au
travers de toutes les Hiérarchies et qui peut être vécue dans la
nature qui nous entoure ainsi que dans le Soleil, la Lune et les
étoiles. Ici nous nous trouvons, comme on l’a dit, devant une
différence importante d’avec la manière de voir de Denys, telle
qu’elle est généralement comprise aujourd’hui de sorte que les
Hiérarchies angéliques ne jouent aucun rôle pour celui-ci dans le
processus de la création, au contraire de la vision de Rudolf
Steiner. Celui-ci insiste donc aussi dans sa Science occulte,
de sorte que sa description des Hiérarchies est le résultat de ses
propres connaissance inspirées et imaginatives, alors qu’il a
repris les noms pour ces descriptions à partir des courants
apparentés des traditions orientales et occidentales5
— à l’instar de Denys qui a repris des Grecs les noms de
Séraphin, Chérubin et trône, Kyriotetes,
Dynamis, Exusiai, Archai, Archangeloi et
Angeloi. Denys les avait trouvés dans la Bible. Il est vrai
qu’il est celui qui les a séparés en trois classes de trois
Hiérarchies, à l’occasion il renvoie à son « célèbre
maître » Hierotheos.6
Comme mentionné, Steiner emploie, outre les....
1
GA 110, p.160.
2
Voir, ND V, 3 817ab.
3
Voir Rudolf Steiner : la science de l’occulte en
esquisse (GA 13), Dornach 1989.
4
Déjà dans la traduction de Johann Georg Veit Engelhadt :
Les prétendus écrits de Denys l’Aréopagite (Sulzbach
1923), utilisée par Rudolf Steiner, le concept de Dieu de Denys y
est comparé avec un texte antique sur Brahma. — Voir à
l’endroit cité précédemment. Vol. II, pp.303 et suiv. Le
Pape Benoît XVI a déclaré aussi, lors d’une audience consacrée
à l’Aréopagite, le 14 mai 2008, qu’il apparaît comme un
grand médiateur dans le dialogue moderne entre le Christianisme et
les théologies mystiques de l’Asie. — Voir
http://w2.vativan.va/content/benedcit-xvi/de/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20080514.html
5
Voir : Préface de la seizième à la vingtième édition
dans GA 13, p.30.
6
Voir HE II, 392a et III, 424c ; ND II,
9 648a, II,11 649d & 681c, ainsi que VII, 1 865b.
Le penser triadique de Denys rappelle fortement le monde idéel de
Proclus ; Voir Proclus : Fondement théologique.
Traduit en grec et e allemand et édité par Ernst-Otto Onnasch &
Ben Schomakers, Hambourg 2015. Schomakers présume qu’il s’agit
véritablement de Proclus, lorsque Denys renvoie à Hierotheos
— Voir Ben Schomakers : Un métaphysicien éternel et
incorrigible — En décodant la christologie du pseudo-Denys
l’Aéropagite, dans : Studies in Spirituality Vol.
26 (2016), pp.105-156. Rudolf Steiner se tait au sujet de la
grande importance de Proclus pour Denys, qui avait déjà été
signalée à l’époque par J.V.G. Engelhardt, Hugo Koch, et Joseph
Stiglmayr. Dans l’ensemble de l’édition complète, Proclus
n’est mentionné dans l’œuvre de Rudolf Steiner qu’à quatre
reprises, en passant : GA 7, p.16 ; du même
auteur : Les énigmes de la philosophie (GA 18),
Dornach 1985, p.83. ; du même auteur : Des énigmes de
l’âme (GA 21), Dornach 1983, p.112 ; du même
auteur : Recueils d’essais au sujet de l’histoire
culturelle et de celle contemporaine et l’histoire (GA 31),
Dornach 1989, pp.516 et suiv.
...appellations grecques, encore quelques
caractérisations s’orientant sur les activités propres aux
Hiérarchies : esprits de l’amour, de l’harmonie, de la
volonté, de la sagesse, du mouvement, de la forme et de la
personnalité, ainsi que les esprits du feu et fils de la vie.1
Denys n’est pas mentionné par lui dans La science de l’occulte,
mais au contraire, à dix reprises dans les conférences désignées,
alors qu’il rédigeait l’ouvrage en question et dans lesquelles
il précise souvent que les Hiérarchies décrites par lui sont les
mêmes2
que celles de Denys l’Aréopagite. Mais il fit avancer
la connaissance des Hiérarchies d’un grand pas en avant.
À l’époque de Denys, il existait de
puissants liens entre les noms des planètes visibles et les noms des
Dieux mythologiques. Cela pourrait être la raison pour laquelle
Denys ne connaissait pas du tout ces noms. Cela étant Rudolf Steiner
donne donc aux noms des corps célestes un nouveau contenu spirituel.
Il décrit les corps célestes visibles comme le résidu mort
d’effets qui remplissaient originellement tout l’espace des
sphères qui s’inscrivent dans les orbites des planètes actuelles
— ainsi la Lune actuelle, extérieurement totalement sans vie,
certes, mais agissant toujours sur la Terre, en nous faisant don du
flux et du reflux de la marée et du rythme de la fécondité [rendu
indépendant d’elle celui-là, ndt]
du corps humain. Le terme « d’ancienne-Lune » dans la
Science de l’occulte signifie un forme liquide d’existence
antérieure de la Terre dans laquelle les Hiérarchies créèrent le
corps astral humain et préparèrent la conscience humaine actuelle.
Et « l’ancien-Soleil » une forme gazeuse, lumineuse et
de chaleur, d’existence encore antérieure, lors de laquelle les
Intelligences de la deuxième Hiérarchie créèrent le corps
éthérique. Steiner tient « l’ancien-Saturne » pour la
forme d’existence primordiale, dans laquelle l’actuelle matière
et les corps vivants des êtres humains n’existaient que comme
chaleur tandis que la volonté de la première Hiérarchie faisaient
naître l’être. Selon Steiner cette volonté agit au travers de
toutes les autres phases de l’évolution planétaire jusque
présentement dans la volonté et les corps vivants des êtres
humains actuels.
On ne rencontre rien au sujet de telles
phases chez Denys. [La notion d’évolution planétaire en anthroposophie est historiquement reliée à l’idée scientifique d’évolution apparue en biologie (Darwin et Haekel), donc née au 19ème siècle seulement, elle n’eût donc jamais pu apparaître avant dans l’histoire. ndt] Que ceci soit seulement ici indiqué pour faire allusion à
l’orientation du penser, dans laquelle Steiner développa fortement
l’enseignement sur les Hiérarchies. Celles-ci apparaissaient chez
lui comme un lien ou un pont, comme l’échelle de Jacob, entre les
aspects terrestres et spirituels de la vie humaine — aussi dans
notre époque.
Impulsions pour la vie pratique
De puissantes impulsions pour la vie
pratique ont émané de l’enseignement des Hiérarchies de Denys
l’Aréopagite et de Rudolf Steiner. Un exemple : admettons que
quelqu’un soit si inspiré par l’enseignement de Rudolf Steiner
qu’il puisse ressentir l’action de la première Hiérarchie dans
les forces de la matière ; qu’il puisse s’identifier par le
sentiment avec la manière dont la matière a été éveillée à la
vie par la deuxième Hiérarchie, par un don de celle-ci ; et
qu’il puisse même faire l’expérience la manière dont cette
vie, sous la direction de la troisième Hiérarchie, s’éveille à
la conscience dans l’âme humaine. Quelqu’un qui s’allie de
cette manière avec l’action des Hiérarchies ne voudra jamais ni
exploiter, ni empoisonné la Terre. Au contraire : de tels êtres
humains se mettront à travailler plutôt dans l’agriculture
biologique-dynamique. Ils se mettront au service de la Terre.
Un deuxième exemple : Celui qui
dirige son attention sur la deuxième Hiérarchie, qui est à l’œuvre
dans le vivant comme sagesse, vertu et force formatrice, est alors
capable de regarder avec émerveillement sous une autre lumière le
chef d’œuvre du corps humain qu’elles réalisent. De tels êtres
humains œuvreront de préférence dans les fondements de la médecine
anthroposophique et la préparation des remèdes. Ils se mettront au
service de la vie. Et encore un troisième exemple : celui qui
dirige sont attention sur la conscience humaine et appréhende dans
notre vouloir, notre sentiment et notre penser les actions des
Archai, Angeloi et Angeloi, celui-là se mettra
à penser autrement sur la pédagogie, la psychologie et la
collaboration dans les entreprises et les organisations humaines. De
tels êtres humains œuvreront peut-être dans des écoles Waldorf et
institutions accueillant des handicapés et développeront de
nouvelles formes d’organisation et de dialogue dans l’esprit
d’une interaction fondée sur le discernement, le sentiment et la
vertu du vouloir.
Nous n’avons pas besoin d’expliciter
plus avant ces exemples, mais nous ne devrions pas oublier qu’à
partir des écrits de Denys aussi de puissantes impulsions
spirituelles ont surgi. Ils furent probablement rédigés en Syrie, à
l’époque du déclin de l’empire romain. On tentait alors, sur et
à partir des ruines de celui-ci, d’édifier l’empire byzantin et
partout ne régnaient que confusions et guerres. Denys fit dériver
de son enseignement sur les Hiérarchies, strictement orienté sur
l’Unité, la structure de l’Église qui elle aussi aspirait à
l’unité — non pas pour l’amour de l’Église, elle-même,
mais pour l’amour d’une population déchirée et souffrante,
ravagée par les guerres. Unité au lieu de division, l’amour au
lieu de la guerre, tel était ce qui lui tenait à...
1
GA 13, pp.161-166.
2
Voir GA 110, p.26, pp.48 et suiv. & pp.66 et suiv.
...cœur et ce qui s’exprime de tous ses
écrits, avant tout dans Sur les Noms Divins, où il en
appelle à l’équité, la rédemption, la paix, la collaboration et
à la position empathique, prévoyante et compatissante du chef.1
Dans le développement de
l’anthroposophie la pose de la pierre de fondation du Bau,
l’édifice en bois du premier Goetheanum, qui eut lieu à l’automne
1913, marque un événement décisif. À cette occasion, Rudolf
Steiner en appela expressément aux Hiérarchies de Denys
l’Aréopagite, avec les noms de Séraphin, Cherubin,
Trône, Sagesses, Mouvements, Formes, Personnalités,
Archangeloi, Angeloi. Cet édifice était au plus
profondément associé aux Drames-Mystères et à l’eurythmie. Vers
la fin de la première guerre mondiale, Steiner mobilisa toutes ses
énergies pour introduire dans la société d’alors, sur les ruines
de l’empire allemand et celles de l’empire austro-hongrois, la
Dreigliederung de l’organisme social. Ceci ne réussit pas,
certes, mais nonobstant cela de puissantes impulsions furent semées
pour la pédagogie, la médecine, l’agriculture et le social, qui
furent par la suite couronnées de succès.
Voies vers la connaissance des mondes supérieurs
En tant que platonicien bien formé,
Denys voit entre deux extrêmes un élément médiateur nécessaire.
Cela vaut aussi pour l’ensemble de son œuvre qui n’est pas
seulement théorique et pratique, c’est-à-dire, d’une part, une
vision du monde philosophique soigneusement perfectionnée, et
d’autre part, comprend de nombreuses instructions pour la vie
pratique, sociétale et ecclésiale, mais encore aussi, tel un
élément médiateur entre l’enseigner et le faire le cheminement
cognitif évoqué au début, l’anagogé. La même chose vaut
pour l’anthroposophie. Elle ne comprend pas seulement un
enseignement spirituel et une exigence d’engagement dans la vie
pratique, mais encore, pareillement, un élément médiateur entre
les deux, un chemin de développement de l’âme. Pour Rudolf
Steiner ceci appartient à la mission d’une science spirituelle
moderne ou anthroposophie.2
Ce qui joue entre les deux c’est l’epistémé — à
savoir la sagesse et le discernement — qui jouent un rôle
important.
Denys et Rudolf Steiner ont chacun
divisé leur cheminement d’apprentissage en trois degrés, qu’ils
appellent : « purification » (ou bien
« préparation »), « illumination » et
« initiation ».3
Denys emprunte ces degrés à la tradition des Mystères grecs,4
et les associe aux trois niveaux de la vie ecclésiale :
« purification », « baptême » et
« eucharistie ». Pour les grands mystiques médiévaux et
ceux de la Renaissance aussi, cette triade du cheminement
d’apprentissage joue un rôle important. Rudolf Steiner donna
ensuite, avec son manuel Comment acquiert-on des connaissances des
mondes supérieurs ?, une impulsion nouvelle et moderne, par
laquelle la vie de l’âme peut être mise en ordre et
spiritualisée. La « préparation » consistant chez lui,
entre autre, en une attention diligente, d’une part, à tout ce qui
est en train de pousser, croître et prospérer et, d’autre part,
pour ce qui défleurit, ce fane et dépérit. Pour l’acquisition de
« l’illumination » l’attention doit être dirigée
sur les différences imaginatives entre animaux, végétaux et
pierres. « L’initiation » dépend chez lui de
l’apprentissage de la lecture de ce qui est écrit et caché
derrière les choses.5
Comme condition à ce pas de développement il désigne les qualités
comme le courage, la maîtrise de soi, la force du jugement, la
présence d’esprit, l’équilibre intérieur, la ténacité,
l’amour de l’agir et la reconnaissance.6
En conclusion au chapitre sur
« l’initiation » dans la science de l’occulte,
Rudolf Steiner parle de « l’ébriété de l’oubli »,
à savoir, la faculté d’éteindre les souvenirs inférieurs.7
Chez Denys nous trouvons quelque chose de comparable là où il
incite à développer la faculté de laisser derrière nous nos
représentations : celui qui veut entrer dans le Saint des
Saints, dit Denys, doit pouvoir passer devant les images
représentatives des iconostases.8
La théologie « stabilisée » ou « positive »
qui veut s’approcher de Dieu au moyen de concepts, n’est que le
premier stade que nous devons laisser derrière nous pour créer, au
moyen d’une théologie « négative », un espace pour
l’expérience de ce qui est caché sans image et invisible. Quoique
ces pas soient élaborés autrement9
chez Steiner, il s’agit, ici comme là, de la métamorphose des
représentations sensibles par une compréhension « sans
images » de l’union avec le parfaitement invisible, comme le
dit Denys.10
1
Voir : ND VIII-IX.
2
Voir GA 110, p.27.
3
Voir du même auteur : Comment acquiert-on des connaissances
des mondes supérieurs ? (GA 10), Dornach 1993 ainsi
que HC III, 3, 165c & 168a ; VII, 2, 208a ;
VIII, 2, 240d, ainsi que HE V, 504bc & VI,
2, 536d.
4
Voir Andrew Louth : Introduction : un auteur caché,
dans Dionysius de Areopagiet, Verzamelde Werken, pp.17-44, en
particulier p.23 et pp.31-32. Voir aussi p.36 sur la voie
d’initiation et la structure hiérarchique du Cosmos.
5
Voir GA 10, pêle-mêle dans le chapitre « L’initiation »,
pp.75-89.
6
Voir GA 10, pp.127-138.
7
Voir GA 13, p.320.
8
Voir HE III, 428c.
9
Voir la méditation du Rose-Croix, GA 13, p.309.
10
TM I, 3, 1001a.
...Mais il insiste sur le fait que nous
devons cheminer longuement avant de pouvoir espérer avoir un contact
direct avec le Un complètement caché.
L’ordonnancement des neuf Hiérarchies
qui se trouvent entre l’être humain et le caché est donc très
essentiel aux deux investigateurs de l’esprit. Denys consacre un
chapitre entier de commentaires sur la raison pour laquelle une
anomalie apparente de cet ordre, que l’on découvre dans la Bible
avec Isaïe, reste nonobstant seyante dans l’ordre hiérarchique.1
Mais Denys met en garde, nous pouvons tomber en dehors de cet ordre
par notre penchant à « l’égoïsme », à la
« prévention de soi », à « l’autoritarisme de
soi » et la « prétention de ce qui nous semble bon »
qui leur appartient.2
Ensuite nous sommes livrés aux « tentations de l’adversaire
et devenons inconsciemment les serviteurs des « puissances
hostiles »3.
Puis il apporte le symbole biblique des entités hiérarchiques les
plus hautes, celles aux six ailes, qui n’utilisent que la paire
médiane pour le vol, alors qu’elles se cachent le visage et leurs
pieds avec, respectivement, la paire d’ailes supérieure et la
paire inférieure.4
Denys commente cette image de manière telle que les Séraphins ont
de la vénération pour ce qui est trop haut ou trop profond pour
leur connaissance. Les ailes supérieures et inférieures sont
maintenues au repos et seules les ailes médianes se meuvent
régulièrement vers le haut à la vue de Dieu.5
Un tel symbole nous fait presque oublier que les Anges sont des
intelligences divines, à savoir des « forces cognitives ».
Chez l’être humain les forces du penser ne sont pas toujours en
équilibre. Elles se laissent attirer ou tenter dans une direction ou
une autre.
Ombres portées hiérarchiques
Chez Rudolf Steiner, nous rencontrons
de fréquentes indications sur ce qu’il a appelées les forces
lucifériennes et ahrimaniennes6,
par lesquelles nous nous éprouvons nous-même par trop divins ou par
trop « bêtes », ou bien par trop spirituels ou par trop
terrestres. Seule la parution du Christ Jésus sur la Terre, déclare
Steiner, a donné la possibilité à l’être humain, d’amener en
équilibre ces deux forces contraires.
Sur le plan des groupes ethniques et
peuples, la tenue de cet équilibre est encore plus significativement
difficile, précisément parce que ces groupes et peuples relèvent
d’un degré plus haut de la Hiérarchie angélique. Rudolf Steiner
en vient là-dessus à déclarer que pendant la première Guerre
mondiale, un grand groupe de volontaires de toutes les nations
participaient à la construction du premier Goetheanum à Dornach
près de Bâle, non loin de la frontière franco-allemande. On y
entendait le tonnerre des canons sur le front, où des membres de ce
groupe, des deux côté se retrouvaient alors face à face dans les
tranchées. Au moment où, à cause de cette situation, de fortes
tensions surgirent, Rudolf Steiner aborda le grand problème que des
êtres humains, au moyen de leur égoïsme de groupe, peuvent
influencer négativement leur alliance avec ces entités angéliques
qui inspirent les groupes ethniques. Ils peuvent faire naître ainsi
des caricatures de ces entités angéliques. Beaucoup de gens,
expliqua Steiner, se regimbent violemment dans leur image du penser
(Denkbild), du fait qu’il y a des entités hiérarchiques
entre l’être humain et la divinité sublime, véritablement et
infiniment loin au-dessus de l’être humain. Beaucoup pensent …
…
que ce serait précisément la tâche de l’être humain actuel, de
ne plus rien avoir entre lui et la divinité, mais de vivre au
contraire, en ayant l’œil fixé à ce qui s’offre sensiblement
et de découvrir ensuite le chemin qui mène directement à Dieu,
sans médiation par l’entremise des Anges, Archanges et ainsi de
suite. Et plus d’un croit ainsi particulièrement sublime de faire
face à son propre Dieu, sans intermédiaire, comme ils disent.
Mais ensuite, il poursuit :
Que
se représentent-ils donc véritablement ceux-là qui se représentent
leur Dieu en affirmant : nous ne voulons pas avoir de médiation
par d’autres esprits, mais directement nous élever à notre Dieu à
partir de notre âme, — que se représentent alors de telles gens ?
Se représentent-il réellement Dieu, lorsqu’ils pensent ou parlent
de Dieu ? Et ce qu’ils se représentent là, ce dont ils
pensent que cela soit censément Dieu, lorsqu’un être humain, de
manière justifiée, parle de...
1
Voir Is 6, 6 et les explications dans HC XIII.
2
HC IX, 3, 260c.
3
HE III, 440c-441a.
4
Voir Is 6, 2.
5
Voir HE IV, 481b. Trouver le milieu entre ce qui est trop
haut et ce qui est trop bas, c’est aussi le fond de la légende
d’Icare.
6
Voir, par exemple, GA 13, pp.249-293. [Ici,
Michiel, ter Horst illustre très bien le fameux proverbe français
(je n’ai pas encore retrouvé d’équivalent dans les autres
idiomes des pays qui nous entourent) : « Qui
fait l’Ange, fait la bête ! » ndt]
son
Dieu, est-ce bien cela qui se présente à eux ou bien se
représentent-ils quelque chose de tout autre ? Lorsqu’on
passe en revue tous les concepts pour la représentation que de
telles gens se font de leur Dieu — qu’en ressort-il de tels
concepts ? Rien d’autre que l’essence d’un Ange et tous
ces gens qui disent avoir contemplé intuitivement Dieu directement
devant leur âme ne font que regarder leur Ange. Et s’ils
recherchent toutes les descriptions — quand bien même elles
apparaissent sublimes — alors ils ne découvriront qu’ils ne font
rien d’autre que décrire un Ange et ce que disent ces gens n’est
rien d’autre que l’exigence que l’on ne doit rien se
représenter de plus élevé qu’un Ange.1
Chez Denys il n’y a pas non plus de
« raccourci » au chemin infini vers Dieu. Au lieu de
cela, il nous délivre une description détaillée des neuf rangs des
Hiérarchies, au long desquels l’âme se voit guidée dans son
ascension et il parle d’une approche patiente vers Dieu. Lors de
cette approche, tous les noms qui ont été attribués tout d’abord
à Dieu doivent être explorés puis et de nouveau retirés, rejetés.
Et ce n’est qu’après cette préparation par la théologie
positive et par celle négative, que Denys parle dans « La Théologie
Mystique » de l’ascension des plus hauts sommets des
paroles mystiques, « où les Mystères du Verbe divin sont
voilés dans l’obscurité aveuglante du silence dissimulé
dans les Mystères »2.
Ici on n’a pas du tout à l’esprit de relation personnelle avec
Dieu, mais plutôt une relation impersonnelle ou mieux encore
supra-personnelle avec Dieu.
Et aussi en référence au rôle
conducteur des entités angéliques auprès des peuples nous
reconnaissons une parenté entre Steiner et Denys. Celui-ci dit qu’en
vérité tous les peuples — en dehors du peuple juif — seraient
déviés de la guidance de leur entité angélique par leur égoïsme
et leur despotisme.3
Nous retrouvons de telles idées chez Steiner, lorsqu’il expose que
les Archanges ne se donnent pas seulement à connaître par des
peuples entiers, mais aussi au moyen du sentiment d’identité que
l’on peut éprouver dans de plus petits regroupements humains. Ce
sentiment d’identité peut donner des ailes et enthousiasmer [au
point, en effet de vouloir aller « bouter les Anglais hors de
France en 1429 sous la bannière de Saint Michel ! » Et
cela a bel et bien été efficace à l’époque ! ndt].
Parce que ceci se joue aussi sur le plan des sentiments, un groupe
peut se trouver particulièrement sujet aux égarements par des idées
chimériques que ses membres peuvent avoir au sujet de leur mission
et pouvoir. Ensuite peut naître dans un groupe ou bien un peuple,
l’inclination à ne vénérer que son propre Archange, au
lieu de toute la Hiérarchie des Archanges, qui inspire, dans
son ensemble, la collaboration des peuples et des groupes entre
eux. » Il y a en cela quelque chose d’analogue à l’élément
égoïste, seulement quelque peu fondé socialement ici » dit
Steiner : « ce qu’il y a de plus proche peut être d’une
aberration de peuples entiers. »4
C’était alors des paroles
prophétiques, au beau milieu de la première Guerre mondiale, aussi
actuelles qu’aujourd’hui. Peu de temps après, Hitler a décrit,
comment il voulait assujettir les possibilités culturelles et tâches
de son peuple aux forces du sang et du sol. Il créa ainsi une
caricature d’Archange de son peuple et se rengorgea des faux dieux
d’un « peuple de seigneurs » qu’il réduisit au
niveau bestial [celui de la Bête
de l’Apocalypse, ndt.]. Ainsi libéra-t-il le
« despotisme » et « l’égoïté », en
référence à l’Archange de son peuple, comme l’aurait dit
Denys, au lieu de la collaboration avec d’autres peuples.
Après la seconde Guerre mondiale, les
plus grandes tentatives furent entreprises pour diriger ces forces de
nouveau sur une bonne voie, en réunissant tous les peuples en tant
que membres également justifiés au sein d’une alliance mondiale.
Au sein de l’Europe on tenta aussi d’ancrer la collaboration des
peuples dans une organisation qui était censée garantir la paix et
l’égalité des droits ; pourtant l’égoïsme s’est de
nouveau répandu largement. De nouveau on entend des peuples hurler
comme dans la guerre : un « In God we trust ! »
et un « Allahu akbar ! ». Dieu en est-il
honoré de ce fait ? Cela ne peut être ! Dieu est Un. Au
lieu de l’Un invisible c’est une image égoïste de son propre
Archange qui ce voit appelée. Un tel semblant d’image peut naître
comme un monothéisme d’apparence qui adopte des traits égoïstes,
dogmatiques et extrémistes. Et nous devons aujourd’hui être de
nouveau les spectateurs de la manière dont les sentiments
nationaux-égoïstes sont évoqués pour éveiller des forces
extrémistes.
1
Du même auteur : Le Karma de la profession (GA 172),
Dornach 2002, pp.177-179. Voir du même auteur : Êtres
spirituels et leur action dans l’âme de l’être humain (GA
178), Dornach 1992, p.101 ; du même auteur : La
mort métamorphose de la vie (GA 182), Dornach 1996,
pp.86 et suiv. ; du même auteur : La Mitteleuropa
entre l’Est et l’Ouest (GA 174a), Dornach 1982,
p.245 ; et du même auteur : Intelligence sociale à
partir de la connaissance de la science spirituelle (GA 191),
Dornach 1989, p.139.
2
« … wo die Mysterien des göttlichen Wortes verhüllt
sind in der verblendenden Dunkelheit des Schweigen,
das in Mysterien verborgen ist »
[c’est donc bien le silence
qui est bien « caché » dans les Mystères, ndt].
Voir TM I, 1, 997ab.
3
Voir HC IX, 3-4, 260b-261d.
Rudolf Steiner voulait fonder le sceau
d’une époque d’une manière spirituelle concrète. Le Corpus
dionysiacum fut pour lui une source importante, mais il n’utilisa
jamais ce texte pour prouver ou étayer quelque chose. Les
Hiérarchies angélique de Denys étaient devenues abstraites et
pâles à son époque déjà depuis longtemps. Mais Steiner les vit
comme des entités idéelles, remplies de la vie divine, pleines
d’amour et de lumière. Il leur donna une voix, des couleurs, en
explorant leurs effets dans notre corps, notre vie, et dans notre
conscience et à l’occasion aussi en y incluant notre facilité à
être séduits par le caractère despotique et la cupidité. Au
milieu des grandes [r]évolutions de la culture et de la société,
l’anthroposophie est une pierre d’édification spirituelle. Elle
met au jour d’aujourd’hui avant tout l’interaction entre les
divers plans de la réalité. Elle explore, par exemple, les
questions : Comment l’alimentation, la santé et la conscience
agissent-elles l’une sur les autres ? Comment les mouvements
corporels et la capacité d’apprendre agissent-ils les uns sur
l’autre chez l’enfant ? Ou bien : Comment les rythmes
de la nature encouragent-ils la santé des végétaux dans
l’agriculture ? Steiner nous indique des voies, pour rendre
éprouvables dans ce genre de processus les forces productives du
penser.
Après l’incendie du premier
Goetheanum, Rudolf Steiner s’est consacré une année durant à la
tâche de réunir les Sociétés anthroposophiques nationales dans
une « Société anthroposophique universelle »
supra-nationale.1
Cette réunion eut lieu lors de la Noël 1923/24, à Dornach. Au cœur
de celle-ci, il y eut la méditation de la Pierre de fondation qui
fut prononcée chaque jour, une semaine durant, par Rudolf Steiner, à
l’occasion de quoi il en appela à toutes les Hiérarchies — et
certes avec les noms que Denys leur avait donnés.2
Les Hiérarchies forment aussi le centre de l’école ésotérique
qui fut ré-ouverte peu après comme la « Première Klasse
de la libre université de Science spirituelle ».3
Ses contenus de méditation s’occupent du monde des Hiérarchies
angéliques illuminantes et retentissantes au moyen de paroles et
mantras sur lesquels on se concentre, que l’on relâche
ensuite et au moyen desquels on peut s’approcher toujours plus de
l’indicible et de l’invisible dans une silence sans mot.
Die Drei 10/2018.
(Traduction
Daniel Kmiecik)
1
Le programme parlait certes d’une « Assemblée générale de
la Société anthroposophique internationale », mais dès le
premier jour Rudolf Steiner déclarait : « Eh bien, mes
chers amis, Vous ne devez pas être une internationale, une société
anthroposophique internationale et je voudrais ici exprimer la
prière cordiale de ne jamais employer l’expression de « Société
internationale », mais au contraire de n’en parler qu’en
disant qu’il y a une « Société anthroposophique
universelle » qui a son point central ici, au Goetheanum, à
Dornach » — du même auteur : Le
Congrès de Noël pour de la fondation de la Société
anthroposophique universelle 1923/24 (GA
260), Dornach 1994. Il ne s’agit donc pas
d’une union des Sociétés nationales, ce serait quelque chose
d’international, mais au contraire, d’une Société
supranationale qui est universelle comme la Déclaration Universelle
des Droits de l’Homme. Il y avait à l’époque, il est vrai,
encore aucune association supra-nationale ou de droit sociétal et
c’est la raison pour laquelle on dut se tirer d’affaire au moyen
d’une construction d’urgence, s’appuyant sur le droit
helvétique, à laquelle furent rattachées les Sociétés
anthroposophiques nationales. [C’est
ce que les membres helvétiques ont récemment très bien compris
par une reprise en main, à l’AG de 2018, propre à faire
totalement disparaître le caractère universel et mondial de la
Société anthroposophique. Or ceci correspond bien à l’esprit de
la bête nationaliste qui se relève en Europe, ici en France, mais
aussi en Angleterre, en Allemagne, comme en Suisse (Voir Claudius
Weise : Un billet
pour faire souvenir. Ce qui se passe dans la Société
anthroposophique
(suite) ndt]
2
Voir entre autre, pp.67 et suiv. Dans la version imprimée Steiner
récapitula les noms des Hiérarchies qui, par Denys, avaient été
décrites comme Séraphins, Chérubins et Trônes comme
« Esprits-forces », la Hiérarchie des Kyriotetès,
Dynamis et Exusiai comme « Esprits-lumière » et celle
des Archai, Archangeloi et Angeloi comme « Esprit-âme ».
— Voir du même auteur : Exercices de l’âme —Mantras
Vol. II (GA 268), Dornach 1999, pp.268 et suiv.
3
Voir GA 270. Cette école est publique dans le sens que la
qualité de membre dans la Société anthroposophique et ensuite
dans la première Klasse, est ouverte à chacun qui veut
librement s’y rattacher.
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