L 'agriculture biodynamique découle aussi de l' Alchimie




                                                        
Mystérieuse au grand jour,
La Nature ne laisse pas ravir son voile ;
Et ce qu'elle ne veut en esprit révéler,
Par leviers ni tarauds tu ne l'y forceras

( Faust,I)
                                                                                                                     

Faisant suite à l' article 44, je mets en ligne ce paragraphe intéressant auquel von Bernus fait allusion au sujet de la fumure et de l' application bio-dynamique, tiré de son ouvrage devenu rare : Médecine et Alchimie (editions Belfond)....

La discipline que l'on peut qualifier de spagyrico-alchimique, et qui a pu enregistrer des succès aussi exceptionnels au cours des trente années de son existence, est le procédé de fumure biodynamique, établi en son temps par Rudolf Steiner. Ce procédé représente une innovation fondamentale pour l' agriculture, le jardinage et la sylviculture et leur imprime une nouvelle orientation dont les effets n' apparaîtront pleinement que dans l' avenir. Les lecteurs qui désirent se renseigner plus complètement sur cette question trouveront des éclaircissements aussi bien dans la revue Demeter que dans la revue Gaia-Sophia, publiée par la section des sciences naturelles de l' Université libre de philosophie au Goethéanum de Dornach. Les anthroposophes commettent cependant une erreur lorsqu'ils prétendent que la fumure biodynamique , telle qu'elle fût créée par Rudolf Steiner, exécutée et mise en valeur par ses disciples avec tant de succès, est un procédé entièrement neuf et inédit. Ceux qui le disent ignorent tout de l' alchimie et de sa nature, sans quoi ils sauraient que la fumure, autrement dit la décomposition, la putréfaction et la combustion, représentent le problème fondamental de toute l' alchimie. Si l'on possède, ne serait-ce que quelques notions superficielles de cette question, le traitement du sol avec un engrais artificiel quelconque s'exclut de lui-même. Les chimistes agricoles qui, en tant que champions des grands trusts industriels, se font les propagateurs des engrais synthétiques, restent encore prisonniers des mêmes raisonnements schématiques et mécanistes qui ont guidé les physiologistes et les statisticiens de l' alimentation, jusqu'à la première Guerre mondiale et au-delà.

Se fondant sur des examens de laboratoires qui ont permis de constater avec raison que les protéines, les sucres et les graisses sont les constituants principaux de l'organisme humain, les spécialistes ont calculé la consommation courante et les besoins journaliers minima, et établi des tableaux schématiques à l'intention des différentes catégories professionnelles : travailleurs intellectuels, ouvriers manuels et travailleurs de force.
Ainsi, en 1877, Carl von Voit, le physiologiste munichois bien connu, a conclu , des expériences qu'il a conduites, que les besoins journaliers d'un ouvrier manuel ayant un poids moyen de 70 kilos s' établissaient comme suit : au minimum 500 g. de sucres, 56 g. de graisses, et 120 g. de protéines ( ration alimentaire ).

Ce n'est que bien plus tard qu'il s'est avéré que les besoins journaliers minima en protéines ne dépassaient pas en fait 40 g. Cependant, le minimum selon Voit, trois fois supérieurs aux besoins réels, entra dans les manuels et fut considéré comme un dogme pendant des dizaines d'années.(...)
Il est communément admis maintenant qu'en dehors des sucres, des graisses et des protéines, la valeur d'un régime alimentaire dépend également de substances autrefois négligées par la science :
 produits minéraux ou sels nutritifs, principes extractifs, aromatiques et amers, et finalement, vitamines ; en un mot, la notion de l'importance des substances complémentaires, reconnue à l'origine par des outsiders, est aujourd'hui vérité courante, alors que la science de la nutrition du sol s'en tient toujours à l' ancien point de vue, aujourd'hui dépassé. Le fait s'explique par la conception matérialiste en vertu de laquelle on persiste à considérer le sol comme quelque chose d'inorganique, à quoi il suffit d'ajouter des quantités de sels de potassium et de phosphates correspondant exactement aux quantités utilisées, comme on le ferait pour le contenu d'une cornu au laboratoire, pour assurer la permanence du rendement ; bien plus encore, on s'imagine pouvoir augmenter ce rendement dans des proportions considérables, en fonction des quantités d'engrais ajoutés, et maintenir indéfiniment par cette méthode, les rendements artificiellement obtenus !
 Les succès des trente dernières années ( écrit en 1948 ) semblent, il est vrai, rendre justice aux partisans de cette théorie. L'observateur superficiel acquiert l'illusion qu'il suffit réellement de restituer au sol les substances utilisées au cours des années , et dont les quantités peuvent être exactement déterminées par les méthodes chimiques, pour en conserver indéfiniment la productivité, et résoudre ainsi le problème de l' agriculture. Il n'en reste pas moins que le laps de temps pris en considération par ceux qui jugent cette théorie confirmée est beaucoup trop court  pour laisser apparaître dans toute son étendue la contrepartie catastrophique déchaînée simultanément, mais dont les effets et les suites nocives, se manifestent avec beaucoup plus de lenteur.

Toujours est-il que l'apparition toujours plus fréquente des " maladies de carence " , et la baisse générale de vitalité qui en résulte constituent un avertissement éloquent, que ne suffit pas à expliquer la pénurie des deux périodes d' après-guerre. Car l'homme et le sol sont reliés par un rapport de causalité cosmophysique, de sorte que les troubles de métabolisme, les maladies de la nutrition, le cancer, les affections nerveuses, les détériorations des dents, et tant d'autres " manifestations de la civilisation ", ne cesseront pas de sévir aussi longtemps que ne s'imposera pas une méthode nouvelle de traitement du sol, qui ne serait plus mécaniste. La théorie officielle est infirmée par le fait bien établi que la fumure biodynamique - qui " incorpore " au sol des quantités infinitésimales d'engrais préparés selon des méthodes spagyrico-alchimiques - permet d'obtenir non seulement les mêmes rendements que les engrais chimiques, mais encore et surtout des récoltes qualitativement différentes et très supérieures, comme le prouvent sans contestation possible les analyses effectuées. Il est ainsi établi que la théorie de la fumure synthétique industrielle est intenable, en même temps qu'est prouvée la pleine justesse de la conception biodynamique, autrement dit spagyrico-alchimique.

Pour un esprit clair, c'est la confirmation de la conception éclatante de l' antique conception alchimique du monde, pour laquelle le sol n'est pas une chose inorganique et morte, mais bien un organisme vivant analogue au corps humain. Si nous nous sommes attardés à ces considérations de principe, c'était à cause de leur importance considérable pour l'ensemble et les détails de notre étude. Mais nous avons également insisté sur cette question parce que ce domaine accessible au profane de bonne volonté fournit le meilleur moyen d'acquérir un aperçu de la nature et de l'objet de l'alchimie. Un ouvrage antérieur, publié en 1729, traite du même sujet dans un esprit authentiquement spagyrico-alchimique. Il porte le titre : le secret de la putréfaction et de la combustion de toutes choses (...)




Si le fondateur de la méthode biodynamique a choisi ce terme, emprunté au langage scientifique moderne, pour désigner d'ailleurs d'une manière pertinente la nature de ce procédé de fumure, il l'a fait vraisemblablement parce qu'il a créé cette discipline de ses propres conceptions originales, mais aussi pour éviter le danger que sa méthode ne soit jugée comme une pseudo-science désuète.
Car aux yeux d'un homme de culture moderne, et à plus forte raison d'un savant moderne, l'alchimie, et tout ce qui s'y rattache, apparaît comme balbutiements enfantins, notions primitives, ébauches de la future chimie moderne qui, dans sa fierté présomptueuse, considère avec pitié les tâtonnements maladroits de son précurseur dans les ténèbres. Ce jugement - ou plutôt ce préjugé - procède d'un point de vue entièrement faux. Parce que l' action vivante et spirituelle de l'alchimie s'exerce depuis des millénaires sur le même domaine de la matière où la chimie agit depuis un siècle et demi à peine, cette dernière se croît fondée à conclure que tout ce que l'alchimie a conçu, développé et obtenu depuis les Chaldéens, les Perses et les Egyptiens jusqu'à l'aube du XIX ème siècle est simple errement, ou dans le meilleur des cas, une seule et longue préparation de trois mille ans pour aboutir aux recherches conduites selon la méthode expérimentale exclusivement analytique de cette même chimie moderne.




 Autre lien vers une vidéo de deux spécialistes opératifs en la question et français de surcroît :
http://www.dailymotion.com/video/xjzv65_patrick-riviere-alchimie-et-spagyrie-1-6_shortfilms



" LA NATURE DEVOILEE " , livre de chevet du génial Goethe :

Vers les textes alchimiques :
 

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