Les quatre éthers : contributions à la théorie des éthers selon Rudolf Steiner

 


INTRODUCTION


Les deux articles suivants ont été publiés en 1960 et 1966 dans les « Beiträge zu einer Erweiterung der Heilkunst nach geisteswissenschaftlichen Gesichtspunkten » (Stuttgart 13e et 19e années). Ils sont constamment redemandés, c'est pourquoi ils sont maintenant publiés sous une forme élargie. Un paragraphe, tiré d'un travail en cours d'élaboration au sujet de l'éthérique, y a été ajouté. Dans ces trois articles se trouve maintenant une description d'ensemble des quatre éthers, faite sur les bases des indications de Rudolf Steiner.
Ces articles concernent une question fondamentale relative à la connaissance de la nature et de l'univers selon l'anthroposophie, question qui a été posée de manière particulière dans l'ouvrage de Guenther Wachsmuth :
« Les forces formatrices éthériques dans le Cosmos, la Terre et l'Homme » (1924). Dans cet ouvrage les éthers sont décrits comme des forces formatrices. Mais en réalité on ne s'est pas du tout demandé si éthers et forces formatrices sont distincts ou non. Depuis la mort de Rudolf Steiner (1925) jusqu'à nos jours, la conception de Wachsmuth (éthers = forces formatrices) devint la base de tout travail anthroposophique en sciences naturelles et humaines.
Rudolf Steiner a décrit et appelé corps éthérique ou corps de vie le principe de vie des plantes, des animaux et de l'homme. Plus tard il y ajouta la dénomination de corps de forces formatrices. Les trois expressions se rapportent au même objet, mais elles le concernent de manière différente, comme on peut aussi dire d'une maison : elle est en pierre ou en bois, elle a ces pièces-ci ou ces pièces-là, c'est un établissement commercial ou une maison d'habitation. Il s'agit de la même maison, mais on envisage sa matérialité ou bien sa structuration dans l'espace, ou son usage. Ainsi l'expression « corps éthérique » concerne plus la substantialité du corps de vie, « corps de vie » l'activité créatrice de vie, « corps de forces formatrices » plutôt les forces façonnantes, modelantes. Dans chacune de ces descriptions le corps éthérique est contemplé dans un rapport différent avec les autres réalités de l'univers. Les descriptions de Wachsmuth n'ont jusqu'à présent pas été examinées de manière critique. Lorsque parut mon premier article « Sur la nécessité de distinguer entre les forces formatrices éthériques et les sortes d'éthers », Wachsmuth écrivit une réplique ne contenant aucun argument objectif, ni en faveur de la justesse de sa conception, ni contre la mienne. A cause de l'adoption sans critiques de l'interprétation de Wachsmuth, son erreur passa dans une grande partie de la littérature anthroposophique ultérieure sans être relevée.
Rudolf Steiner n'a pas donné de description systématique des éthers et des forces formatrices. Les indications à ce sujet se trouvent dans ses livres et ses écrits en tel nombre qu'on peut à peine les saisir dans toute leur étendue. Il a chaque fois décrit l'un ou l'autre aspect, d'après le contexte concerné : anthroposophie générale, domaines médicaux, pédagogiques, agricoles, scientifiques. Le but de mon exposé n'est pas de rassembler ces données, mais plutôt de tenter de développer l'idée de ces entités à partir des indications de base (nom des éthers, leur succession dans l'évolution cosmique, l'opposition entre élément et éther). Si le but est atteint, on acquiert la base indispensable pour comprendre les nombreuses indications de Rudolf Steiner et pour en avoir une vision caractérisant l'idée de forces de vie. Dans le corps éthérique, les éthers sont rassemblés en une unité et une intégralité ; ils agissent de manière organique. A part cela, chaque éther en particulier possède également une activité : il agit alors de manière inorganique, physique. On peut qualifier globalement d'éthérique les différents aspects des éthers et des forces formatrices, comme on rassemble dans la notion de physique les réalités physiques. La description de l'éthérique est un devoir indispensable de notre époque, et elle doit résulter des données de Rudolf Steiner.

Ernst Marti ,Bâle, Pâques 1974.




SUR LA DISTINCTION NÉCESSAIRE ENTRE LES FORCES FORMATRICES ÉTHÉRIQUES ET LES CATÉGORIES D'ÉTHERS


La science moderne ne connaît pas les quatre éléments : Feu, Air, Eau et Terre. Les états d'agrégation de la matière, solide, liquide, gazeux, ne sont pas des éléments. La connaissance que les Grecs avaient de la nature reposait sur leur compréhension des quatre éléments. L'éther s'y ajoutait en quelque sorte comme un cinquième élément, dont Aristote disait : « Il est ce qui diffère de la Terre, de l'Eau, de l'Air et du Feu, et qui est éternel et circule éternellement » (De caelo). Cette science de la nature, dérivée des éléments, disparut avec le début des temps modernes. Lorsque « la voûte bleue du ciel » ne fut plus considérée comme la limite du monde, comme l'enveloppe éthérique qui rassemble l'univers en un tout (en un organisme où chaque chose a sa place), et qu'apparut la notion qui conçoit l'univers composé d'une infinité de détails, l'idée des éléments conçue à partir du tout se perdit également. L'univers fut désormais présenté comme une sorte d'agrégat. En modifiant légèrement, on pourrait dire : « L'agrégat est une somme, l'élément le résultat de l'expérience. Etablir celle-là demande de l'entendement, concevoir celui-ci, de la raison » (Goethe, Maximes en prose).
La notion d'éther se conserva plus longtemps dans le domaine scientifique. Elle ne fut abandonnée qu'au cours de notre siècle. En contrepartie, d'autres entités cosmiques se bousculèrent dans le champ de la science et de la pratique : l'électricité, le magnétisme et aujourd'hui la force qui est à la base des phénomènes atomiques, etc., ce que Rudolf Steiner appela les « éthers pervertis ».

Avec l'anthroposophie, Rudolf Steiner donna les bases d'une nouvelle connaissance de la nature. Son premier acte — dont on ne peut pas saisir suffisamment l'importance — fut de fonder à nouveau la théorie des quatre éléments. Toute son oeuvre est imprégnée d'indications toujours nouvelles sur la nature des éléments, leur relation réciproque et leur développement. Mais en même temps il créa une toute nouvelle science des éthers.
L'éther unique des Grecs lui apparut quadruple, sous forme d'éther de chaleur, de lumière, de son et de vie. Il expliqua leur nature, leurs liens avec le monde et leur origine.

Mais qu'est-ce que l'éther ? Il est encore totalement différent de terre, eau, air et feu, mais lié à eux par des lois. R. Steiner a perçu et décrit la naissance des éléments et des éthers à partir de la chaleur de l'ancien Saturne.

Ils apparaissent par couples. A chaque étape évolutive de la Terre se forme un couple nouveau : avec Saturne éther de chaleur et chaleur (feu), sur l'ancien Soleil lumière et air, sur l'ancienne Lune éther de son et eau, sur la Terre l'élément terre et l'éther de vie (24). Quatre couples de frères ayant la même origine, chaque fois un frère d'en haut et un d'en bas, un cosmique et un terrestre, se pénètrent intimement, collaborent dans le vivant, se séparent dans l'inanimé, néanmoins pas complètement.
Comme les éléments physiques, les éthers correspondants sont bien caractérisés et différents quant à leur nature, leur comportement et leur action. Lorsqu'on oppose globalement les éthers et les éléments physiques, les premiers représentent le supérieur, le léger, ce qui englobe, et les seconds l'inférieur, le particulier, le détaillé. Les éléments proviennent pour ainsi dire du centre, les éthers de la périphérie ; les uns sont ponctuels, particuliers, les autres globaux, universels. En s'exprimant en termes mathématiques, on peut dire qu'ils se comportent l'un par rapport à l'autre comme positif et négatif. Ensemble, ils assurent l'unité du corps terrestre et du corps humain. Le corps de l'homme est physique, éthérique, et on peut parler d'un corps physique et d'un corps éthérique.

Recherchons les éléments dans le corps physique. Cela ne fait tout d'abord pas de difficultés, par exemple, d'attribuer les os et les dents à l'élément terre, le sang, la lymphe, le liquide céphalo-rachidien à l'élément eau. Car le solide, le cristallisé, est expression de l'élément terre, tout comme le liquide est manifestation de « l'eau ». (Dans ce qui suit les éléments seront écrits entre guillemets). Mais ainsi quelque chose de surprenant devient évident : le sang, la lymphe et le liquide céphalo-rachidien sont chacun « eau ». L'eau de pluie, le lait, l'essence sont également « eau ». Chaque liquide est quelque chose de déterminé, de différent. Mais en quoi consiste « l'eau », sans qu'elle apparaisse sous l'aspect d'une substance particulière ? On ne peut pas la trouver dans le monde des sens. « L'eau » en soi, nue, n'existe pas sans qu'elle se présente sous une forme caractéristique discernable.

La même chose vaut pour les autres éléments. Les éléments ne se trouvent nulle part à l'état de
principes purs. Ils imprègnent tout ce qui est physique, sont à la base de tout, rendent tout possible, sont l'existence de tout, mais ne caractérisent rien. Un facteur supplémentaire doit encore s'y joindre pour créer la réalité dans sa spécificité. Le monde physique, de même que le corps de l'homme, nous apparaît sous forme de substances très variées. « La terre » en soi n'est pas capable de faire apparaître de l'or, du quartz, de la substance dentaire ou osseuse. « L'air » ne produit pas davantage l'oxygène, le gaz carbonique, le parfum de la rose. Il faut que quelque chose s'ajoute pour qu'à partir des éléments soient engendrées les substances particulières, déterminées.


De quoi s'agit-il ?


R. Steiner a également répondu à cette question. Il a montré que les astres étaient les instigateurs des différentes substances à partir des possibilités tout d'abord indéterminées des éléments. Ainsi, Mars est l'instigateur du fer, Saturne du plomb, le Soleil de l'or, etc.
Les forces stellaires peuvent aussi agir ensemble : l'antimoine est apparu sous l'effet conjugué des planètes subsolaires. Même les constellations du zodiaque sont formatrices de substances : les forces du Bélier créent la silice, celles du Taureau l'azote. Les indications de R. Steiner au sujet du zodiaque ne sont pas très nombreuses, et là il reste encore un vaste champ de recherche pour l'anthroposophie. La direction est donnée : les substances sont des effets stellaires densifiés, fixés par les éléments.
Lorsqu'on observe le corps humain, mais également un rosier, ou un chevreuil, on trouve non seulement des substances diverses, mais encore une multitude de formes et de structures : la forme individuelle de l'homme, la forme des oreilles et du nez, la forme du pied et du sabot, la forme de la feuille et de la fleur, etc. D'où ces formes sont-elles issues ? Des éléments ? Des substances ? Les éléments rendent possible l'apparition de la substance, mais n'ont eux-mêmes aucun pouvoir formateur. Tout au plus pourrait-on concevoir la forme cubique ou lunaire comme l'expression de l'élément terre et de l'élément eau ; néanmoins, ces formes sont plutôt un symbole de l'activité de ces éléments.
La chimie, la physique et la cristallographie renseignent sur la capacité formatrice des différentes substances. Il devient clair que, le cas échéant, certaines formes sont propres aux substances, dans la mesure où elles cristallisent. Les formes apparaissant alors sont totalement différentes de
celles du corps humain, du rosier, etc. Ni les différentes substances ni leur combinaison ne sont les instigateurs des structures et des formes de la nature. Quelle est alors leur origine ?

Une indication permet de progresser : le corps éthérique est l'architecte et le constructeur du corps physique. Que fait l'architecte ? Il dresse les plans et détermine les formes de la construction, qui sera édifiée par les ouvriers avec les matériaux de construction. Le corps éthérique est le formateur et le constructeur du corps physique, et c'est en lui que nous devons chercher l'instigateur des formes et des structures. Que par ce raisonnement nous soyons sur le bon chemin nous est confirmé par le fait que d'après les recherches de Rudolf Steiner, le corps éthérique est en même temps un corps de forces formatrices. Qu'est -ce à dire ?


Qu'est-ce qu'une force formatrice ?


Les quatre éthers en tant que tels sont -ils déjà les producteurs de la forme, donc des forces formatrices ? Non ! En soi, ils ne peuvent créer aucune forme, pas plus que le corps physique. Ce qu'on lit dans les livres de Guenther Wachsmuth (forme cubique ou lunaire, etc.) ne résulte pas de leur action. Lorsque l'on rassemble tout ce qui d'après R. Steiner peut être connu sur chaque éther isolé, il n'apparaît nulle part que les éthers aient la nature d'une force formatrice. Il ne les appelle eux-mêmes jamais forces formatrices et distingue très soigneusement les sortes d'éthers et les forces formatrices. Il faut que quelque chose s'ajoute pour transformer les éthers en forces formatrices, comme quelque chose doit s'ajouter pour que les quatre éléments de viennent des substances concrètes. Comme les éléments, les éthers ne sont que des possibilités, des bases, permettant aux forces formatrices d'apparaître. Mais qu'est -ce qui doit s'ajouter ? Il nous faut suivre le même raisonnement pour les éthers que pour la connaissance des éléments et des substances. Même si nous ne possédons pas encore la capacité de percevoir directement des éthers — la capacité de connaissance imaginative au moins est nécessaire — mentalement nous pouvons tout de même obtenir un aperçu suffisant et sûr à ce sujet, à condition que nous nous rendions compte de la liaison et de l'opposition générale entre le physique et l'éthérique, entre le monde positif et négatif. Tout comme les éléments n'apparaissent nulle part à l'état pur, mais chaque fois sous un habit matériel déterminé, de même en est-il pour les éthers. Aucun éther n'apparaît « nu ». Il est enveloppé dans une force formatrice. Que l'on prenne cela tout d'abord comme une hypothèse, qu'on l'approfondisse en toutes circonstances et qu'on compare avec les phénomènes de la réalité.
Tout comme les substances sont reliées à des forces stellaires, de même en est -il des forces formatrices. R. Steiner a confirmé la vision instinctive que la forme du corps de l'homme est extraite des forces du zodiaque. A titre d'exemple, le Bélier forme le front et la tête, les Gémeaux forment la paire d'épaules et de bras, les Poissons les pieds. Les planètes forment les organes internes, Vénus les reins, Mercure les poumons, etc. Ceci, les forces stellaires ne le produisent pas directement dans le physique (là elles deviendraient des substances), mais par le détour du corps éthérique. Les étoiles suscitent dans l'éthérique la force formatrice qui alors crée la forme apparaissant physiquement. Mais comment peut-on accéder à la connaissance de chaque force formatrice éthérique ?

Pour apporter une réponse correcte, on fait observer la chose suivante : Rudolf Steiner, dans sa dernière conférence de Pentecôte, décrit le firmament comme la frontière de l'éther cosmique.
Jusqu'au firmament s'étend le monde éthérique, la mer des quatre éthers. Ceux-ci portent dans leur sein les quatre éléments. A la limite du firmament apparaissent les étoiles. Des forces d'êtres spirituels pénètrent par elles dans le monde des manifestations. Il s'agit de forces astrales et spirituelles. Lorsque les forces astrales introduisent leurs effets par les lieux stellaires (ou les introduisaient à l'origine du monde), elles stimulent les éthers, et créent à partir d'eux des forces formatrices. Les forces spirituelles s'introduisent plus profondément dans les éléments et y engendrent les substances. R. Steiner décrit l'ensemble de ces forces comme le Verbe cosmique, qui résonne dans et à travers les étoiles. Il a étudié et fait connaître les sons isolés de ce Verbe cosmique et a révélé le lien entre les sons de la parole humaine et les étoiles. Les consonnes sont liées aux forces du zodiaque, le B avec la Vierge, le M avec le Verseau, etc. Les voyelles sont apparentées aux planètes, le O avec Jupiter, le I avec Mercure. Une chose semblable a été démontrée pour le monde des sonorités par l'eurythmie. Tout cela peut être compris et expérimenté complètement, et devient la clef du monde des forces formatrices. Les mouvements eurythmiques sont des mouvements du corps éthérique, devenus visibles par le corps physique, qui pendant l'exercice d'eurythmie se coule pour ainsi dire dans le corps éthérique et le suit totalement. Il est aujourd'hui possible, par l'eurythmie (et dans une moindre mesure également par les autres arts de la parole et du son), de saisir et de retrouver dans la nature les différentes forces formatrices. Une science naturelle future ne sera plus possible sans cette connaissance. Toutes les formes de la plante, la formation de la feuille, du calice, de la fleur, du fruit, etc., toutes les formes de l'homme et de l'animal, la forme extérieure, la formation de l'oeil, de la peau, des reins, etc., jusque dans le moindre détail, les formes de l'eau, les vagues, le déferlement, les gouttes, etc., deviennent déchiffrables et concevables comme modes d'action et formes des forces formatrices.

Dans la formation du fruit, du glomérule, de l'oeil, se manifeste la force du B ; dans la formation de la feuille, d'un lac, de la poitrine (sein) se manifestent celles du M. Il s'agit d'indications qui doivent attirer l'attention sur la possibilité de différencier les forces formatrices et de les reconnaître à leurs effets.
On peut à présent se demander : combien de forces formatrices existe-t-il donc ? Provisoirement on ne peut répondre à cela qu'approximativement. La chimie connaît environ 90 éléments chimiques (mis à part les transuraniens). Lorsque l'on rassemble tous les mouvements de base de l'eurythmie (verbale et musicale) on obtient à peu près le même nombre 26.
De ces chemins de pensée, il résulte que les matières et les forces formatrices sont nées des étoiles, les unes étant physiques, les autres éthériques. Ce que nous séparons ainsi mentalement nous apparaît uni par exemple dans le corps humain, dans la rose.

Les objets de la nature possèdent forme et matière, ils sont de la matière façonnée. La force formatrice éthérique est comme descendue dans le monde des sens et y produit la forme. Ce
qui dans son domaine propre est purement force et mouvement, devient ici forme fixée. La forme d'un chevreuil, d'une coquille d'escargot, est force formatrice fixée.

Existe-t-il aussi pour la matière quelque chose de correspondant qui la ferait parvenir dans la région des forces formatrices ? Oui ! La matière elle-même est une condensation provenant des sphères stellaires, vers lesquelles elle peut de nouveau se diriger. Alors elle devient processus. R. Steiner décrit : l'or que je vois est un « processus-or » fixé. Le processus-or remplit l'univers jusqu'au firmament. Mais également le foie, organe physique, est un processus-foie fixé. Le processus-foie imprègne l'organisme entier, et même l'univers.

Ainsi chaque substance doit être reconnue comme processus fixé.

Ce faisant on saisit une véritable totalité. Ce que l'on appelle au sens propre substance, comme par exemple l'or, l'arnica, est ce qui chaque fois rassemble les quatre parties en une unité déterminée.
Une semblable conception des quatre parties en une unité déterminée peut -elle avoir une conséquence pratique ? Oui ! La distinction entre sortes d'éthers et forces formatrices est une nécessité indispensable si l'on ne veut pas tomber dans l'erreur au sujet des connaissances anthroposophiques de l'homme et de l'univers.

Le livre de G. Wachsmuth, Les forces formatrices (tome I), ne traite pas des forces formatrices, mais des catégories d'éthers. R. Steiner sépare constamment et clairement les catégories d'éthers (ou forces éthériques) et les forces formatrices. Dans le premier cours aux médecins, il décrit, par exemple, comment certains organes sont des centres pour un éther en particulier. Le poumon est le centre pour l'éther de vie. La forme du poumon n'est pas créée par l'éther de vie, mais par une force spéciale formatrice du poumon qui résulte à nouveau d'une coopération de plusieurs forces formatrices (au moins d'une force de voyelles et d'une force de consonnes). On ne peut venir à bout de ces données qu'en distinguant catégorie d'éther et force formatrice.

On peut remarquer à la lecture des cours aux médecins qu'en décrivant les forces de guérison d'une plante, Rudolf Steiner attire l'attention presque exclusivement sur les constituants matériels, tels que les substances amères, les mucilages et certains sels ou d'autres substances chimiques. Il fait rarement mention de la forme végétale. Il décrit une signature matérielle mais non formelle.

Pourquoi cela ? Lorsqu'il s'agit de la préparation d'un médicament, on se situe dans la polarité matière-processus. Mais lorsqu'on veut soigner quelqu'un à l'aide de l'eurythmie curative, on le traite à l'aide de forces formatrices et ainsi on se meut dans la polarité force formatrice-forme. La différenciation entre forces formatrices et éthers se révélera également féconde pour l'agriculture : car chaque opération agricole se meut soit dans la polarité matière-processus, soit dans celle de force formatrice-forme. Dire que les éléments n'apparaissent que sous l'habit d'une substance, les éthers que sous celui d'une force formatrice, ne doit pas conduire à l'opinion que la connaissance et le maniement des éléments ou éthers, à l'état pur, soient superflus ou impossibles. La physique en traite sous forme de thermodynamique, d'aérodynamique, de mécanique, etc. ; la technique, la médecine, l'agriculture et d'autres, manient les éléments. La physique est la science des éléments, et espérons-le bientôt des éthers. La chimie est la science des substances ; l'organique comme science du vivant est avant tout connaissance des forces formatrices et des processus. La forme est une caractéristique du résultat d'ensemble, d'une apparition d'ensemble résultant de la coopération des quatre sources de la réalité...
Aucun des quatre principes, force formatrice, forme, processus, matière, ne se rencontre isolé dans la nature. Processus et force formatrice sont liés comme, dans le monde des sens, le sont forme et matière. Mais pour la connaissance, il est indispensable de les reconnaître chacun clairement. « De la clarté dans le détail, de la profondeur dans le tout, sont les deux exigences les plus importantes de la réalité » (Rudolf Steiner : Introduction aux écrits scientifiques de Goethe).

De même qu'il ne viendrait à l'idée de personne, voulant traiter le sujet des éléments terre et eau, de parler d'or, de calcaire, de lait ou de vin, et de les confondre avec eux, de même ne devrait-on pas parler de forces formatrices s'il s'agit de catégories d'éthers. On ne devrait pas qualifier de processus rythmiques la solidarité entre matière et processus. R. Steiner évite cette expression, et parle de déroulement rythmique (27). (A de rares endroits seulement il dit : processus rythmique, parce que justement la langue ne se prête pas suffisamment à différencier clairement cet état de choses.)

Lorsqu'on a devant soi un homme, une feuille de rosier ou un rein, on peut les contempler du point de vue des forces formatrices, des formes, des substances et des processus. A chaque fois qu'on les observe on en découvre un autre aspect. Si l'on parle de corps éthérique ou corps de forces formatrices, on décrit deux aspects d'une même chose. C'est ce que résume la citation : « La pensée doit conduire l'observation conformément à la nature » (Rudolf Steiner, Introduction aux écrits scientifiques de Goethe).
L'ensemble des quatre parties, force formatrice, forme, processus et matière, constitue la base d'une connaissance selon la science spirituelle de la nature et de l'homme. Ces quatre parties sont à nouveau comme quatre éléments, quatre bases. Elles sont les quatre réalités premières.(27)



À PROPOS DES QUATRE ÉTHERS



La connaissance goethéenne et anthroposophique de la nature repose sur la conception de l'être vivant et de la manifestation. Nous expérimentons la réalité à travers la perception et la pensée. Les organes des sens nous donnent la perception de la manifestation ; l'essence est saisie avant tout comme idée. En nous l'idée a un caractère d'image, dans les choses de la nature elle est essentiellement activité. Pour expérimenter la réalité spirituelle de l'être, la connaissance imaginative, l'inspiration, l'intuition sont nécessaires. La perception de l'idée dans la réalité crée les fondements de la science. Le rôle de l'idée dans la science doit être parfaitement clair. Qu'ensuite on examine de cette manière les quatre éléments et les trois états d'agrégation de la matière. Solide, liquide, gazeux proviennent de la perception. La terre, l'eau, l'air, le feu sont des idées qui apparaissent de manière très diverse, l'eau par exemple en tant que pluie, vin, carburant. Elle montre les qualités (perceptions) humide, froid, fluide, etc. L'eau est une entité spirituelle qui est à la base de tout ce qui est liquide, humide, etc.

Les quatre éléments, tels qu'ils sont connus depuis l'Antiquité, et les quatre éthers que R. Steiner a découverts, sont des entités spirituelles dont la réalité dans les mondes élémentaires est expérimentée grâce à la connaissance imaginative. Habituellement, être conscient des objets demande qu'on les recherche et qu'on connaisse leurs manifestations grâce aux organes des sens.
A cette fin les phénomènes de la nature doivent être ordonnés comme Goethe l'a fait pour la lumière d'une manière si exemplaire dans sa théorie des couleurs. Ce que Goethe a décrit comme l'entité de lumière est identique à ce que R. Steiner appelle éther de lumière 28. En outre R. Steiner a encore nommé trois autres éthers : l'éther de chaleur, l'éther de son ou éther chimique et l'éther de vie ; c'est le fondement des phénomènes de température, de son ou encore de chimie, et de vie. Le nom des éthers indique le domaine de manifestation où l'on peut les trouver préférentiellement. Ils peuvent agir séparément ou ensemble. Isolément ils agissent de manière physique, ensemble ils sont porteurs de la vie. Leurs manifestations sont donc à rechercher aussi bien dans l'organique que dans l' inorganique.

R. Steiner a éclairé l'apparition des éthers et leurs rapports réciproques. Ils apparaissent dans l'évolution constamment couplés à un élément dans l'ordre suivant : éther de chaleur — feu, lumière — air, son — eau, éther de vie — terre, et cela de sorte qu'à chaque stade planétaire de la terre s'y joint une nouvelle paire caractéristique 29.

L'ancien Saturne se compose de chaleur — feu. Sur l'ancien Soleil s'ajoute lumière — air, sur l'ancienne Lune son — eau, sur la Terre l'éther de vie et l'élément terre. Le monde terrestre actuel se compose donc de quatre éthers et de quatre éléments. Quant à ce qu'on appelle les entités infrasensibles, électricité, magnétisme, énergie atomique, il faut pour les connaître partir d'une notion particulière qui sera exposée plus tard.
A présent il faut acquérir une représentation satisfaisante des éléments et des éthers, c'est -à-dire étudier les phénomènes du monde, reconnaître en eux l'expression de chacune des idées (éther, élément). R. Steiner n'a pas décrit lui-même plus amplement l'apparition des éthers. Mais il est possible, au moyen de ses indications fondamentales, de les caractériser dans le détail. Pour cela on peut partir du fait qu'éléments et éthers se comportent comme des contraires. La chaleur de Saturne s'est en effet déployée en deux courants de développement opposés : un courant descendant vers air, eau, terre et un ascendant vers éther de lumière, de son et de vie ; ils apparaissent comme un tout et dans chaque couple en complète polarité comme positif et négatif.

On connaît par enseignement et par expérience une grande partie des phénomènes caractérisant les éléments. Partons d'un phénomène connu. Formons tout d'abord en pensée la représentation contraire correspondante et recherchons-la dans le monde perceptible comme une manifestation de l'éther. Mais pour cela, il est tout d'abord nécessaire de se libérer des représentations physiques actuelles que chacun porte en soi, et d'observer les phénomènes physiques sans préjugés. (Pour que naisse une image complète des éthers, on devra également rassembler les différents points de vue complémentaires qui seront exposés ultérieurement.)

Commençons par étudier la polarité air-lumière. Nous sommes constamment entourés d'air et de lumière, nous vivons en eux. Nous percevons l'air comme un élément de remplissage entre les choses ; nous percevons la lumière sur les choses, mais non pas dans l'espace libre entre elles. La lumière sépare, elle pose sur chaque objet une limite de lumière-couleur. Par exemple, dans une chambre, l'air relie les objets, la lumière les sépare, les rend discernables. Lorsque nous sommes quelque part, dans un espace fer mé ou en plein air, nous nous trouvons toujours dans une sphère de couleur et de lumière qui nous entoure sous forme de murs, ciel, etc. La lumière crée une frontière, une limite qui de tous côtés nous encercle complètement. Elle crée dans cet espace intérieur des distances et les conditions de l'espace : ici, là, derrière, devant. Ce que l'on entend par là peut être éprouvé lorsqu'on allume la lumière dans une chambre obscure : immédiatement tout devient évident, la lumière délimite les objets, les rend discernables, marque leur place, montre leur rapport de taille et de volume et rassemble tout en un espace commun grâce à une périphérie de lumière et de couleur. Non seulement les objets deviennent visibles lorsque le soleil se lève, mais l'espace grandit. Le cierge vacillant montre comment l'espace s'étend et se rétrécit. La même chose peut être éprouvée par les yeux, qui sont des organes de lumière, lorsque nous regardons dans les environs et au loin. La lumière crée l'espace en limitant, en enveloppant.


Lumière et espace sont indissociables.


La lumière est activement créatrice d'espace. L'air est passif à l'égard de l'espace ; l'air remplit complètement l'espace disponible. L'air est contenu et ne crée aucune frontière. Cette description suppose connu le fait que l'espace n'est pas un contenant disponible à l'avance, mais qu'il est une idée qui devient apparente par la séparation des choses 30. La condition fondamentale pour l'apparition de l'espace est la lumière, car elle crée la possibilité du discernement. Le rapport différent de l'air avec l'espace se manifeste aussi dans ce qui suit : l'air est en soi non orienté, sans structure, chaotique, d'où l'appellation de gaz (de chaos). La lumière est structurée, orientée, radiaire de la source lumineuse vers la périphérie. De même que le rayon de la vue quitte notre oeil de manière idéalement rectiligne, la lumière est de part en part comme une ligne droite. La propriété caractéristique de l'air est son élasticité ; il est extensible et compressible. Le contraire d'élasticité est dureté. La lumière est cassante, et par conséquent divisible. Que l'on batte l'air avec un bâton : l'air s'écarte et se rassemble à nouveau derrière lui. Un bâton placé devant une bougie allumée sépare la lumière en faisceaux ; ceux-ci ne se réunissent plus mais poursuivent un trajet rectiligne.

Une autre propriété constitutive de l'air est la tension. Il n'existe pas d'air sans un degré de tension. La tension crée et conserve la cohésion. On peut raréfier l'air tant qu'on veut, il reste cohérent. La lumière produit le phénomène contraire qui agit en quelque sorte vers l'extérieur. Prenons une source lumineuse, une flamme de bougie ; ce n'est pas ce qui la tient ensemble qui est important, mais plutôt ce qu'elle détache d'elle, qu'elle donne, qu'elle diffuse vers la périphérie. A l'augmentation ou à la diminution de la tension correspond la plus ou moins grande intensité lumineuse, c'est-à-dire un plus ou moins grand espace de lumière. Le fait que la lumière dilate et étende l'espace se manifeste dans l'organique par le phénomène de la croissance, de l'allongement et de l'augmentation de volume. La taille d'un organisme, le volume qu'il occupe est l'expression de l'éther de lumière actif en lui.

La pression est en relation avec la tension et représente d'une certaine manière son aspect polaire. Elle est action de l'extérieur vers l'intérieur. Que l'on observe l'enveloppe d'air de la Terre. De l'extérieur elle comprime la Terre. Le contraire de comprimer est aspirer. Donc, si l'opposition entre éléments et éthers existe de la manière indiquée, la lumière doit agir en aspirant. Fait-elle cela ? Oui, il suffit de discerner les phénomènes qui s'y rattachent. La périphérie, l'horizon, qu'il soit proche ou éloigné, accapare notre regard. Que l'on essaie, les yeux ouverts, de ne pas voir : on remarquera alors, à la force que l'on doit mettre en oeuvre pour maintenir vide le regard, comment d'habitude la lumière l'entraîne, le tire vers la périphérie, vers la surface des objets. On explique aujourd'hui la vision par l'irruption des rayons lumineux dans l'oeil : en y pénétrant ils tirent notre conscience vers la périphérie, vers l'espace. De manière analogue la lumière arrache les germes de pomme de terre de la cave obscure vers la clarté, fait que les fleurs se tournent vers le soleil et suivent sa course. Outre cet héliotropisme, tout le monde végétal manifeste un phototropisme que l'on doit discerner avec précision. De tous côtés l'air est pressé vers la Terre de manière centripète. De tous côtés l'éther de lumière est aspiré de la Terre vers la périphérie. Cette réalité devient observable dans le développement de la plante. De tous côtés les plantes tendent de la Terre vers les sphères cosmiques. Que l'on prenne des sapins à des endroits opposés de la Terre, ils montrent la réelle action de forces actives à la périphérie qui sont aspirantes à l'inverse de la pression de l'air.

L'activité de l'éther de lumière est sous-jacente à ces forces. Tension et pression de l'élément aérien manifestent sa tendance vers l'intérieur, vers un point central. Rayonner et aspirer, comme aussi l'action de « limiter », montrent les relations de la lumière avec la périphérie, avec la sphère. Le point est un principe constitutif de l'air, comme le cercle en est un pour la lumière.

On peut dire, en résumé, que l'éther de lumière se manifeste en rayonnant, en éclairant, en aspirant. A l'extérieur il rend visible les limites volumiques des choses, à l'intérieur, force de croissance, il produit l'occupation spatiale par les êtres vivants. Il différencie extérieur et intérieur. Pour caractériser son action une expression nouvelle et précise est nécessaire : l'éther de lumière « crée l'espace ».

Pour étudier la polarité eau-éther de son, on peut partir du fait que l'eau est une continuité, qu'elle est de part en part continue. Le contraire de continu que l'on doit rencontrer chez l'éther de son est discret 31, inconstant, séparé. Observons par exemple le phénomène suivant : par temps de pluie tombent des gouttes séparées qui se réunissent en une flaque, un ruisseau, une rivière, un océan. Dans la mer il n'existe plus de gouttes séparées, mais seulement une totalité. Par opposition à cela, examinons un concert symphonique : il est constitué par toutes sortes de sons isolés ; la musique disparaîtrait si les sons se confondaient. La musique n'existe que par les intervalles, les contrastes simultanés et successifs. La musique repose sur une force qui sépare, qui distingue, mais où les parties restent en relation les unes avec les autres. Reprenons l'exemple des gouttes de pluie qui se réunissent jusque dans la mer : elles se rassemblent, elles fournissent une somme, un tout.
Sur une carte où sont dessinés les cours d'eau, cette tendance de l'eau à confluer et à se souder devient particulièrement évidente.

L'arbre représente l'image exactement contraire. D'un tronc unique il tend à se fragmenter, à se diviser en branches et en rameaux, en feuilles qui selon les cas se différencient encore davantage. L'arbre entier prend naissance dans la sève, qui est un élément aqueux. Pourquoi ce liquide se comporte-t-il de manière exactement opposée à l'eau ordinaire ? C'est l'éther de son, actif dans les forces de croissance, qui dissocie l'unité et opère la division. L'eau amortit la pluralité ; elle en fait en réalité non pas une somme mais un tout, une masse.

L'éther de son divise, pousse à la fragmentation en nombre et aux rapports de nombres ; il en résulte des intervalles, des fractions, des duplications, des multiplications, des divisions ; on peut additionner et dénombrer. L'essence du nombre apparaît sous l'action de l'éther de son. C'est pourquoi R. Steiner l'appelle aussi l'éther de nombre. Les nombres sont originellement « discrets ». Lorsqu'on entend un seul son, il apparaît avant tout comme une unité qui n'a rien de discret. Pourtant, les noeuds de vibration, base de chaque son, sont discrets. La dimension de leur écart est essentielle pour le son et doit être maintenue, s'il doit rester le même. Des noeuds situés dans un rapport défini constituent un phénomène caractéristique pour l'activité de l'éther de son.

Bien qu'originellement issues de racines étymologiques différentes, les expressions discret et concret sont des concepts pouvant être utilisés pour des phénomènes fondamentalement opposés tels que séparation et fusion.

Prenons par exemple deux gouttes de mercure, placées l'une à côté de l'autre. A l'instant où elles se touchent, elles s'unissent. Ceci est le phénomène originel de l'élément eau, et en même temps une manifestation fondamentale de la vie. Cela s'accomplit dans la fusion de deux cellules, par exemple lors de la fécondation (concrescere). Le phénomène contraire (duplication et séparation) apparaît sous l'influence de l'éther de son : dans l'inorganique, par exemple dans la formation des noeuds sonores ou dans les images nées du son de Chladni ; dans l'organique, dans la formation de la couronne des arbres, dans la ramification des branches qui représente la manifestation macrocosmique et sensible de cette réalité de base qu'est la division cellulaire. La croissance divergente d'une cellule en division révèle de la plus belle façon l'action de l'éther de son. Lors de la division cellulaire se produisent tout d'abord deux noeuds, les centrosomes, desquels découle tout le processus de la division et sa régulation. Lorsqu'on résume les différentes étapes de la division cellulaire, il en résulte un processus tout à fait identique à celui engendrant les images sonores de Chladni (discrescere). La fécondation et la division cellulaire, faits fondamentaux de tout l'organique, se comportent comme l'élément eau et l'éther de son. L'action de cette polarité se révèle jusque dans l'âme sous forme de sympathie ou d'antipathie.

En dernier lieu la séparation des sexes trouve son origine dans ce domaine de l'existence. Toute l'existence est précisément entretissée des effets de l'eau et du son.

D'autres polarités deviennent visibles dans le domaine physique. L'eau n'est pas seulement ce qu'on voit couler de la montagne vers la vallée, mais elle est avant tout liquide, par nature, totalement. Cela veut dire qu'elle est continuellement glissante et mouvante. L'éther de son au contraire est une force qui forme des noeuds et les maintient. L'éther de son n'agit pas seulement dans le domaine de l'air comme son, mais aussi dans l'eau dont il est le frère. R. Steiner l'appelle aussi : éther chimique, car il est le porteur de l'activité chimique.

Les substances se comportent chimiquement selon la « loi des nombres ». Leurs liaisons et leurs forces chimiques sont des manifestations de l'éther chimique. Une solution d'acide sulfurique est comme traversée par les sonorités de la loi des nombres propre à cette substance. Les composants d'une substance sont ordonnés ponctuellement dans le milieu non de manière arbitraire, mais en noeuds qui sont l'un par rapport à l'autre dans des rapports numériques. Ce comportement devient visible dans l'image aux rayons X d'un cristal ou dans la représentation en relief d'une formule développée. On voit ainsi cette force de maintien de l'éther chimique. Dans le cristal, les noeuds sont cependant figés, dans une solution par contre ils sont fluides et oscillants.

Son et eau sont chacun polarisés en face active et face passive. Dans le cas du son, ceci se manifeste par la polarité entre le noeud et l'oscillation. L'essentiel se déroule entre les noeuds. Dans le cas de l'eau, c'est la polarité du balancement et des vagues.

Considérons la chose suivante : lorsqu'on jette une pierre dans un étang, des vagues se forment qui courent du point de chute à la rive. Un bouchon de liège qui flotte à la surface de l'eau danse de haut en bas aussi longtemps qu'il y a des vagues. Il indique que les particules d'eau se meuvent de bas en haut, tandis que les vagues s'éloignent horizontalement. Quand les ondes sont descendantes, les particules d'eau vont à leur lieu initial. L'essentiel est ici le balancement de bas en haut des particules et leur maintien dans le lieu, tandis que la vague glisse par-dessus ; cela veut dire que la substance demeure et que l'onde lui reste extérieure. Néanmoins le principe « onde » appartient à la nature de l'eau. Cela se perçoit par exemple dans les méandres de l'eau d'une rivière. Lié à la vague et à l'oscillation apparaît le principe de la répétition. L'idée du « mouvement naturel » a son origine dans les manifestations de son et d'eau. L'eau a une autre propriété essentielle : elle est dense. A cet égard, on doit dire : l'éther de son est lâche, il rend lâche, fait des trous, des brèches. Musique et chimie se composent d'intervalles au sein desquels se trouve l'essentiel. Le réseau cristallin en donne une image visible. Il n'est constitué que de trous. L'eau est compacte, elle a de la masse, l'éther de son est poreux. A la masse se rattache le poids. L'eau est lourde, elle donne la mesure pour le poids. L'éther de son est léger, rend léger.
Prenons à nouveau la solution d'acide sulfurique.

Les nombres indiquent en fin de compte des rapports de poids, mais dans la solution les substances se comportent comme n'ayant pas de poids. Une telle solution est homogène, c'est-à-dire que dans les parties supérieures de la solution il y a autant de substance que dans les inférieures ; la pesanteur n'a aucune influence sur la substance, elle est sans effet. Ceci est le résultat de l'éther chimique. On ne peut donc pas demander combien pèse un son ! Le problème lourd-léger (c'est-à-dire le poids et son contraire, la légèreté) appartient au domaine de l'eau et du son et non pas, comme on le croit souvent, à celui de l'air et de la lumière 32.

Un son unique ne révèle pas complètement la nature de l'éther de son. Il est plus facile de reconnaître dans l'activité chimique sa nature en général. Lorsqu'on a une solution saline, le sel est régulièrement distribué dans tout le milieu, il s'y intègre régulièrement. Intégrer régulièrement veut dire en grec : harmoniser. Harmoniser est la nature originelle de l'éther de son. Les Anciens la connaissaient à travers l'harmonie des sphères. Harmoniser, créer une structure, ordonner, suppose des parties qui seront mises en relation déterminée. C'est ce que produit l'éther de son, que l'on voit par exemple dans les images de Chladni ou dans l'insertion des feuilles d'une plante.

En résumé, on peut caractériser l'éther de son ou éther chimique comme le principe qui sépare, crée des intervalles, forme des noeuds, qui est une force « rendant léger » par opposition à la pesanteur, qui agit en harmonisant et en ordonnant. La longueur, le nombre et la masse tirent leur origine du domaine de l'eau et du son. Pour l'étude du couple : élément terre et éther de vie, il sera particulièrement fécond de rechercher les polarités. L'éther de vie est parmi les éthers le plus difficile à saisir parce qu'il n'apparaît pas dans un domaine sensible particulier ; il est la véritable force vivifiante que l'on ne trouve pas directement dans l'inorganique.

L'élément terre se manifeste dans l'état solide de la matière ; le solide est figé. L'éther de vie produit le contraire, c'est-à-dire la mobilité intérieure qui est à différencier du mouvement et aussi de l'état liquide.

Lorsqu'il y a écoulement, chaque composant du liquide se meut à l'intérieur du tout ; avec l'éther de vie chaque composant s'agite selon le sens du tout. La fixité est liée à l'impénétrabilité : un corps solide assure son volume et deux corps solides ne peuvent occuper à la fois le même espace. L'élément terre repousse, s'affirme vers l'extérieur. L'éther de vie est la force qui imprègne l'intérieur, qui s'affirme à l'intérieur, qui intègre l'intérieur, qui ne repousse pas mais s'approprie, produisant ainsi la base de l'assimilation. Cela est en relation avec une autre réalité. Le corps solide a une surface qui certes est en rapport avec la nature de la substance, mais dont la forme est contingente et tributaire des conditions extérieures. L'éther de vie crée une enveloppe qui ne dépend ni de la substance ni de l'extérieur ; elle ne dépend que des conditions intérieures et en est l'expression.

Le corps solide est divisible ; on peut mettre en morceaux une craie ; les sections deviennent alors complètement indépendantes les unes des autres (autrement que lors de la séparation par l'éther de son). On peut aussi se casser une jambe, mais alors se manifeste la force opposée de l'éther de vie : l'os peut de nouveau guérir en se soudant, et redevenir un tout. L'éther de vie guérit, rend sain, réalise un tout et une situation de santé, il « parfait ». Lorsqu'un ver de terre est coupé en deux, il complète chaque morceau pour en faire une nouvelle totalité ; de même l'herbe fauchée repousse.

L'élément terre et l'éther de vie isolent. Chaque pierre n'est toujours qu'un morceau, une partie ; morcelable, elle n'est constituée que de parties, de détails. L'éther de vie crée aussi l'individuel, mais l'individuel est un tout, une création unique qui, conformément à sa nature, n'a pas de parties mais des membres. Le tout vit dans ses membres et par eux.

L'éther de vie est le principe créateur d'une totalité. Cette totalité est pour ainsi dire représentée par la peau saine, qui d'une certaine manière est le point de départ de la force de l'éther de vie qui imprègne tout. Cette force agit à chaque point particulier, chaque point s'actionne, et agit dans le sens du tout ; le point n'est pas partie mais membre. Ceci devient essentiel quand, par exemple dans l a maladie cancéreuse, une cellule se soustrait à la souveraineté de la totalité, et se rend indépendante.

La situation d'un corps solide dans l'espace est indifférente, fortuite, dépendant de l'extérieur. A l'opposé, l'éther de vie est ce qui façonne activement l'espace vers l'intérieur ou vers l'extérieur. Par exemple, c'est lui qui polarise l'ovule fécondé. Il façonne le corps humain pour la station verticale. La forme d'un corps solide est conditionnée par des facteurs extérieurs : le marbre est taillé de l'extérieur. L'éther de vie différencie la totalité dans toutes les directions de l'espace ; c'est ainsi qu'il produit la forme de l'intérieur. Son action modèle la forme à partir d'elle ; la totalité elle-même se donne sa forme. Toutes les figures et formes des êtres vivants naissent de cette activité plastique. L'éther de vie crée des corps, l'élément « terre » des solides.

En résumé, l'éther de vie vivifie et individualise de telle sorte que naissent des totalités ; chacune est limitée par une peau et s'imprègne elle-même ; ce faisant, elle se comporte comme une unité. L'éther de vie forme les corps.

Connaître l'apparition de l'espace selon la science spirituelle permet de comprendre autrement les éléments et les éthers. Le physicien C.F. von Weizsäcker explique qu'il fut un temps où l'espace est apparu : la science spirituelle a pu indiquer quand cela s'est produit ; l'espace est né sur l'ancien Soleil. Il faut se familiariser avec deux représentations inhabituelles : avec celle de l'évolution de l'espace, et avec celle de deux sortes d'espace, l'espace-point et l'espace-plan. La géométrie synthétique moderne enseigne que l'espace est une totalité délimitée par le plan infiniment lointain. Désormais l'espace peut être considéré comme étant issu du plan infiniment lointain ou du point central. Dans le premier cas on obtient l'espace-plan, dans l'autre l'espace-point. Ces deux représentations purement géométriques, intellectuelles, deviennent réalité lors de la naissance de l'espace sur l'ancien Soleil. Elles apparaissent par la naissance de l'air et de la lumière, et en particulier l'espace-plan apparaît par la lumière à partir de la circonférence et l'espace-point par l'air. Ces espaces s'interpénètrent mutuellement, l'origine de l'un est la fin de l'autre. Ils se comportent l'un par rapport à l'autre comme positif et négatif, et en accord avec l'autre dénomination des éthers et des éléments donnée ci -dessus, l'on peut qualifier l'espace-plan d'espace négatif, et l'espace-point de positif. L'autre représentation inhabituelle est celle de l'évolution de l'espace.

L'espace également passe par une évolution, il n'est pas dès le début pleinement développé. L'espace complètement développé possède trois dimensions. R. Steiner explique que l'espace n'avait qu'une seule dimension sur l'ancien Soleil, deux sur l'ancienne Lune, et trois seulement à notre niveau terrestre actuel. On peut réunir les indications de R. Steiner de la manière suivante : Que signifie alors que l'espace de l'ancien Soleil n'était qu'unidimensionnel ? Cela veut dire qu'à l'époque n'existaient que des entités unidimensionnelles, par la présence desquelles l'espace ne se montrait qu'unidimensionnel. Sur l'ancien Soleil naquirent lumière et air. Ce sont des entités unidimensionnelles.

Quelle est la caractéristique de l'unidimensionnalité ? La linéarité. La nature rayonnante, linéaire, de la lumière a déjà été signalée. Une condition de l'unidimensionnalité consiste dans le fait qu'une entité qui en est le fondement ne doit pas elle-même se toucher. La lumière remplit cette condition. Prenons une source lumineuse : elle rayonne de manière radiale, du centre vers la périphérie, sans un quelconque contact avec soi-même. La condition est également satisfaite par le parallélisme, et par le comportement suivant (croquis). Ce comportement est réalisé par la plante. Les plantes,d'après leur règle de croissance dans l'espace, sont des êtres unidimensionnels qui ne se touchent jamais.

Que l'on contemple une renoncule ou un pommier, on va trouver qu'ils ne se touchent jamais eux-mêmes. Les plantes respectent rigoureusement cette condition : conformément à leur nature elles sont unidimensionnelles, tendent vers la périphérie et manifestent ainsi l'activité de l'éther de lumière. Que l'on s'imagine un champ de céréales : les chaumes poussent de manière radiaire de la terre vers la périphérie ; que l'on observe un tilleul : il ne pousse pas rectiligne, au contraire il se ramifie, mais il respecte l'unidimensionnalité et tend de même de la terre vers la périphérie. Par son occupation spatiale, par sa taille, il est un résultat de l'éther de lumière créant en lui. La ramification de la couronne manifeste la fissilité de la lumière dans le domaine de l'organique. L'unidimensionnalité de l'air est sous-jacente au phénomène de la tension. Celle-ci exprime la relation unidimensionnelle de deux entités. Dans l'organique, l'élément air apparaît sous forme d'élasticité : pas un pétiole ou chaume n'existe sans elle. Lumière et air sont des principes constitutifs de la plante.

Elle est en premier lieu un être unidimensionnel.

Sur l'ancienne Lune apparaît l'espace bidimensionnel, car l'eau et l'éther de son, qui naissent durant l'état lunaire, sont bidimensionnels. La surface est une forme bidimensionnelle. L'eau est par nature de part en part surface. Elle montre extérieurement sa surface, mais à l'intérieur également elle n'est que surface ; son écoulement est un glissement interne de surfaces. La goutte est également essentiellement surface sans un point central constitutif. La bidimensionnalité de l'éther de son réside dans sa paire de noeuds. Les noeuds ne sont pas des points quelconques, mais des lieux conjugués, coordonnés, dont la régularité spatiale apparaît lorsqu'on se souvient que l'une des propriétés d 'une surface aqueuse est sa faculté de réflexion. Un objet quelconque devant un miroir apparaît à distance égale comme image derrière le miroir. La surface du miroir est réelle.

Considérons maintenant comme étant réels l'objet et son image, et virtuelle la surface du miroir ; il en résulte la règle qui régit les deux noeuds équidistants du plan médian irréel, par rapport auquel ils sont ordonnés l'un après l'autre. Ce qui vient d'être dit est l'essence de la symétrie, de la capacité à former une image dans un miroir. La symétrie est un fait fondamental de l'organique. La disposition par paire, la gauche et la droite, est le résultat de l'éther de son. La feuille d'une plante révèle de manière étonnante l'action bidimensionnelle de l'eau et du son : sa qualité de surface est eau, la symétrie est son ; dans les nervures de la feuille se répand la sève, dans les champs séparés d'une feuille à nervation en réseau se déroulent les processus chimiques.

La bidimensionnalité peut également se réaliser lorsqu'une totalité se comporte de manière à se toucher ellemême, par exemple lorsqu'une ligne évolue de telle sorte qu'elle se ferme en un cercle ou se croise.
Regardons une abeille sur une fleur qui enlève le pollen de son dos avec ses pattes ; ou un chat qui se lave et qui à cette occasion se touche constamment avec ses pattes et sa langue. L'animal, en mangeant, ne touche pas que son corps, mais également la nourriture, en marchant le sol, etc. Or le toucher est un état intermédiaire qui peut évoluer dans deux directions. Le toucher peut conduire à une fusion, ou bien à une nouvelle séparation.

Le premier effet est une action de l'eau, le second une action de l'éther de son, comme déjà décrit. Observons tout d'abord le développement animal du point de vue de l'élément eau. L'eau est créatrice de surfaces. L'ovule fécondé se développe en une formation faite de surfaces, la blastula. Celle -ci s'invagine en gastrula. Lors de la naissance des organes, les surfaces que sont l'ectoderme et l'endoderme se plissent en des invaginations et des évaginations toujours nouvelles. L'animal est de part en part tout en surfaces.

Considérons à présent le processus suivant : l'ectoderme s'invagine et forme la gouttière neurale ; les replis entrent en contact et se soudent, il se forme la moelle épinière. A d'autres endroits, des parties du corps sont aussi en contact et se soudent, par exemple tout le corps au niveau de la ligne médiane antérieure. Lorsque cela ne s'accomplit pas correctement, il reste par exemple un bec de lièvre. La soudure est produite par l'élément eau. Or la force séparante de l'éther de son empêche que toutes les surfaces qui sont en contact dans l'organisme (par exemple plèvre interne ou externe, etc.) ne se soudent et ne donnent une seule grosse masse. Il maintient séparés organes et parties de l'organisme.

La base de la formation du corps animal, c'est-à-dire la formation des deux moitiés des corps symétriques, résulte de l'activité de l'éther de son. En revanche, à droite et à gauche est réalisée la condition pour que l'animal puisse se toucher extérieurement. Lors de ce contact, ce n'est pas la force de fusion de l'eau qui agit, mais la force séparative de l'éther de son. Les pattes ne se soudent pas, celles qui se sont touchées se séparent à nouveau.

Il ne s'est constitué qu'un contact provisoire et celui-ci peut se renouveler, donc s'imprégner d'une qualité de nombre. Par contact et séparation, le mouvement de l'animal est possible. Les traces d'un lièvre dans la neige se composent de points discrets qui en sont une image. Contact et séparation sont de même les conditions fondamentales pour la formation des sons ; ceci devient évident dans tout instrument de musique. Le son et l'eau sont constitutifs pour l'animal. D'après le code de formation, l'animal est un être bidimensionnel.

Élément terre et éther de vie produisent l'espace entier, ils sont tridimensionnels. Dans le cas de la pierre, la tridimensionnalité positive produit sa rigidité. Les dimensions se sont comme dissimulées dans la rigidité, sont équivalentes et indifférentes ; elles ne peuvent être déterminées qu'arbitrairement ou fortuitement de l'extérieur et sont ramenées mentalement à des axes x -y-z placés à chaque point quelconque de la pierre. Les points de la pierre sont équivalents entre eux, chacun peut être ôté sans perturbations pour les autres, chacun peut devenir point central. Lorsque je casse la pierre en morceaux, dans chaque morceau un nouveau point devient point central sans influence pour le point. Dans l'organique, le point central devient réel, par exemple le noyau dans la cellule. Le noyau cellulaire en tant que représentant l'élément terre est un centre véritable. Ceci est la différence entre la cellule et la goutte qui n'a pas de centre réel. Lorsque le noyau se divise, il ne reste pas « morceaux », mais il forme par la force de l'éther de vie une nouvelle totalité. Cette action commence à la périphérie, au niveau de la membrane cellulaire. Les dimensions de la cellule et de l'être vivant ne sont pas équivalentes ; l'éther de vie les différencie et oriente la cellule et l'être vivant selon l'environnement. Il en résulte les directions haut-bas, droite-gauche, devant-derrière. Ceci ne produit son plein effet que chez l'homme.

L'homme est un véritable être tridimensionnel. Il a trois centres : dans la tête, la région thoracique et la région des hanches. Ces trois centres ne sont disposés de manière vraiment humaine que lorsque l'homme se tient debout. On a déjà attiré l'attention sur le fait que la posture est caractéristique pour l'élément terre, de même station verticale. C'est encore ce qu'exprime le fait que tout l'espace est déterminé par rapport à l'homme debout.

Le corps humain en station verticale est la source de toutes les orientations spatiales. Ce qui est en haut ou en bas, près ou loin, devant ou derrière, dérive de l'homme debout. Ainsi dans la formulation : « Devant la maison il y a un arbre » est cachée l'expérience de l'homme debout. Tout est anthropomorphique. Une relativité n'est possible que lorsqu'on fait abstraction de l'homme (et également des autres êtres vivants). Avant toute autre chose de la nature, c'est dans la peau humaine que l'éther de vie s'offre le plus manifestement au regard. Seul l'homme a, au sens véritable, une peau ; les autres ont des fourrures, plumes, écailles, cuirasses. La peau humaine saine, qui délimite avec plasticité une unité, est en même temps l'expression de l'intérieur dans son ensemble. Seul l'homme a une carnation. L'élément terre et l'éther de vie sont constitutifs pour l'homme. Il est une nature tridimensionnelle véridique. Ceci a pour conséquence qu'il n'est pas seulement un individu, mais que son corps devient la base grâce à laquelle il peut vivre en tant qu'individualité.

C'est en s'interrogeant sur la matière que l'on arrive de nouveau à un autre point de vue permettant de connaître les éléments et les éthers. R. Steiner a exposé dans les introductions aux Écrits scientifiques de Goethe que « la matière est ce qui remplit l'espace », et en tant que telle elle est un phénomène du monde sensible. Matière et espace se conditionnent mutuellement. Dans l'évolution de la Terre, l'espace est apparu pour la première fois sur l'ancien Soleil. C'est seulement depuis ce moment-là que l'on peut aussi parler de matière.

Lumière et air sont les premières choses matérielles qui apparaissent. La science spirituelle attire l'attention sur le fait que toute matérialité est de la lumière condensée. A présent, on doit considérer que lumière et air se comportent comme négatif et positif l'un par rapport à l'autre. Il s'ensuit qu'il doit exister des matières positives et négatives. R. Steiner attire plusieurs fois l'attention sur cette réalité. Pour se former une conception de la matière négative, il est fondamental de savoir que les éthers se comportent vis -à-vis des éléments comme l'actif vis-à-vis du passif (que l'on compare par exemple la description déjà donnée de l'élément terre et d e l'éther de vie). La matière négative est par conséquent de la matière sous forme active. On arrive par là aux idées de processus et substance que R. Steiner a maintes fois exposées. En conséquence on distinguera, par exemple, silice et processus silice, or et processus or. En rassemblant toutes les caractéristiques des éléments et des éthers, et en les examinant sous l'angle de la matière positive et négative, il en résulte une vue d'ensemble sur le problème substance et processus, qui au fond nécessiterait une description détaillée.

Jusqu'ici a été omis le couple élément feu-éther de chaleur, qui se situe donc au début de l'évolution. Il n'est possible de l'aborder que maintenant, car il se différencie beaucoup des trois couples décrits. En effet, l'éther de chaleur est sans espace, sans dimension. L'ancien Saturne n'est constitué que de chaleur-feu. Selon les descriptions de R. Steiner, la chaleur est « mouvement intensif ». Le contraire est mouvement extensif ; ceci suppose de l'espace, lequel n'existe q u'à partir de l'ancien Soleil. Sur l'ancien Saturne, chaleur et feu ne sont pas non plus séparés, ils sont une unité mobile ; car la séparation suppose également l'espace (dans le schéma, ils sont décrits ensemble, et il découle de leur unité que sur la Terre il existe non pas 8 mais 7 domaines d'existence : 3 éléments, 3 éthers et entre ces groupes, la chaleur).


Sous quelle forme existent alors chaleur et feu ? Sous forme de temps !


Sur l'ancien Saturne apparaît le temps, comme sur le Soleil, l'espace. La chaleur fit apparaître le temps. Cependant on peut essayer de différencier quelque peu chaleur et feu. La caractéristique de l'élément feu est qu'il disparaît du monde des perceptions ; tous les autres éléments persistent, la chaleur disparaît. L'éther de chaleur conduit vers le monde des phénomènes, fait naître, fait mûrir. Qu'une plante arrive à un moment déterminé à fleurir, que la dentition d'un enfant change à 7 ans, que la puberté survienne à 14 ans, ceci résulte de l'activité de l'éther de chaleur.
L'éther de chaleur est un temps créateur, le feu un temps dissipateur ; ils sont comme avenir et passé, s'interpénétrant dans le présent. La chaleur fait mûrir. Dans la chaleur de Saturne, il n'y a pas de matière, car la matière réclame de l'espace. Malgré cela, il y avait déjà sur l'ancien Saturne de la silice et de l'or. La qualité de substance sous forme de chaleur est à caractériser comme substance, à la différence de la matière. Une connaissance complète des éléments et des éthers demande que soit décrit leur lieu d'origine. Lors de la description du couple lumière et air, l'attention a déjà été attirée sur la tendance caractéristique de chacun d'eux.

L'air cherche à atteindre le centre, la lumière la périphérie. Ainsi R. Steiner a souvent décrit cette tendance de tous les éléments à aller vers le centre et celle de tous les éthers à aller vers la périphérie. Les uns sont actifs comme à partir d'un centre, les autres comme à partir de la périphérie. Dans le monde concret, le centre de la Terre représente le centre des éléments ; la périphérie cosmique, la sphère céleste est la source des éthers.

R. Steiner appelle les uns forces centrales et les autres forces universelles. Les forces centrales peuvent être saisies mathématiquement, elles peuvent être rapportées à une origine. Les forces universelles se dérobent aux mathématiques, car il n'est pas possible d'effectuer un calcul à partir de l'infini. Ces forces centrales ont la confiance de la science actuelle et sont utilisées dans la technique ; les forces universelles lui sont inconnues, et c'est pourquoi elle ne peut pas comprendre la vie. La découverte des forces universelles est une des plus importantes notions décrites par R. Steiner ; elle a une très grande signification pour l'avenir.

Les éléments représentent le physique, les éthers l'éthérique ; le physique est sans vie, l'éthérique est le véritable vivant. Dans un organisme vivant a lieu l'action combinée de tous les éléments et éthers. Séparément, les éléments et les éthers ont un effet inorganique, physique. Chez l'être vivant, les éléments constituent le corps physique et les éthers le corps éthérique. Dans le cosmos ils élaborent le « corps » terrestre et le « corps » cosmique, tous les deux étant des organismes vivants. La vie terrestre existe par l'interpénétration réciproque du corps éthérique et du corps physique. Elle s'arrête lorsqu'ils se séparent. Alors le corps physique se décompose et devient un constituant de la Terre entière. De même, le corps éthérique se dissocie et est accueilli dans la périphérie de l'univers.

La nature universelle des éthers a une conséquence importante. Lorsque les éthers s'emparent de substances terrestres, ils les élèvent hors du domaine d'influence des forces centrales dans celui de la périphérie cosmique. Mais ceci est pour les substances terrestres un processus de dissolution. R. Steiner caractérise ainsi cet état de choses : « Elles agissent de tous côtés, ces forces, comme si elles tendaient vers le centre de la Terre. Elles devraient complètement faire disparaître, mettre en pièces la substance du monde terrestre, si dans le champ de forces ne se mêlait l'action des corps célestes qui modifient la dissolution. » Cette description apparaît d'abord incontrôlable, mais R. Steiner indique tout de suite où l'on peut observer ces enchaînements. « La plante permet d'observer ce dont il s'agit. Les substances terrestres sont enlevées du champ d'influence terrestre. Elles tendent vers l'amorphe. L'effet du soleil et de choses semblables du cosmos modifie ce passage vers l'amorphe » (« Données de base pour un élargissement de l'art de guérir selon les connaissances de la science spirituelle »).

Observons, par exemple, la germination d'une pomme de terre à la cave. A partir des « yeux », les pousses croissent de plus en plus longues, elles dispersent visiblement la matière de la pomme de terre jusqu'à ce qu'elles arrivent à la lumière, où la force solaire agit suffisamment, contient la pousse, fait apparaître les feuilles, de telle sorte que puisse se constituer un véritable pied de pomme de terre. Au fond, chaque germination de plante est tout d'abord un éclatement et une dissolution de la forme. Observons comment un haricot germe, fait éclater la membrane, va vers l'amorphe, et ensuite est formé à nouveau par des forces formatrices.

Les éthers agissent comme des forces universelles dissolvantes, et non comme des forces créatrices. Ils ne sont pas des forces formatrices. Dans le même passage, R. Steiner ajoute ce qui peut être désigné comme forces formatrices éthériques, et d'où elles proviennent. Ce sont également des forces périphériques, toutefois elles ne proviennent pas de la périphérie entière, mais d'endroits précis de la périphérie, du soleil, des étoiles. Ce sont des forces périphériques ordonnées. Leur nature et leurs manifestations seront exposées dans un travail ultérieur. La présente description n'est qu'une esquisse des quatre éthers, qui devra être développée dans de nombreuses directions. Celui qui commence à se faire une représentation juste des éthers gagne non seulement quelque chose pour son savoir, mais encore acquiert une clef qui permet l'accès à de nombreuses visions et liaisons dans la nature et dans l'homme.

Que l'on aille dehors dans la nature muni de ces représentations, et que l'on contemple par exemple un tilleul. Sa taille et sa situation spatiale sont des effets de l'éther de lumière. La ramification artistique et la disposition de la couronne sont des manifestations de l'éther de son. Que les innombrables feuilles, les branches et les racines forment un tout, cela a pour fondement l'activité de l'éther de vie. Que l'arbre soit âgé de 70 ans, et qu'il fleurisse, cela manifeste le travail de l'éther de chaleur. De même on peut contempler un animal ou l'homme. Bref, les éthers nous enseignent à reconnaître ce qui dans le monde sensible mûrit, ce qui crée l'espace, ce qui sépare, ce qui unit ; la nature entière peut être observée et perçue d'une nouvelle manière.




ACTION CONJUGUÉE DES QUATRE ÉTHERS



La connaissance antique du monde et de l'homme présentait les éléments dans leur ordre naturel du bas vers le haut, de l'élément terre vers l'élément feu, donc en une suite ouverte. Mais il existait aussi une description circulaire ou quadrangulaire, cyclique, qui soulève beaucoup de questions. Selon celle-ci les éléments se font face deux à deux, suivant les diagonales d'un carré. En outre, l'angle inférieur droit est attribué au feu, l'angle inférieur gauche à l'air ; eau et terre sont en haut à gauche et à droite. Pourquoi donc le feu est-il situé en bas, la terre en haut ? Qu'on lise dans le sens des aiguilles d'une montre ou dans le sens contraire, il existe entre terre et feu un saut remarquable. Existe-t-il une raison en faveur de cette disposition ? L'homme moderne n'aurait pas pu d'emblée parvenir à cette disposition. Les quatre éléments, ou bien lui sont inconnus, ou au mieux constituent un problème conceptuel historique. Mais l'homme de l'Antiquité n'a pas connu les éléments seulement intellectuellement, il les a ressentis et éprouvés.

R. Steiner a décrit comment Aristote enseigna les éléments à Alexandre. Aristote a décrit dans ses ouvrages les quatre éléments dans le détail, et discuté de leur importance dans le monde et dans l'homme. « Par Aristote, Alexandre apprit à bien connaître comment les éléments terre, eau, air et feu, qui vivent dans le monde extérieur, vivent également à l'intérieur de l'homme ; comment l'homme, sous ce rapport, est un véritable microcosme ; comment en lui, dans ses os vit l'élément terre, dans la circulation sanguine et dans tout ce qui en lui est humeur de vie vit l'élément aqueux ; comment en lui l'élément air agit dans la respiration, la stimulation respiratoire et la parole, et comment l'élément feu vit dans les pensées. Alexandre savait encore qu'il vivait dans les éléments du monde. » 33

Aujourd'hui cette expérience a disparu. L'homme moderne se sent complètement séparé du monde, il ne sent plus les qualités de son domaine terrestre. Il sent encore qu'il fait plus froid lorsqu'il voyage vers le nord et qu'il fait de plus en plus chaud lorsqu'il va vers le sud. Dans l'Antiquité, on éprouvait quelque chose de semblable dans son corps lorsqu'on allait vers l'ouest ou vers l'est. Lorsqu'on allait vers l'est, on avait une impression de sécheresse, et lorsqu'on allait vers l'ouest on sentait augmenter l'humidité. Ainsi, les perceptions étaient différenciées selon les quatre points cardinaux. Celles -ci ne sont pas les éléments, mais sont en relation régulière avec eux.
Ceci apparaît également quand on fait l'expérience des éléments. Ces impressions vécues ne sont pas des expériences sensibles, corporelles, comme pour l'humide ou le froid, mais des expériences intérieures, de l'âme. Les hommes de l'Antiquité ressentaient que du nord-ouest, de la région située entre froid et humide, arrivaient des forces qu'ils percevaient intérieurement comme des créatures, comme des êtres de l'élément eau. L'aptitude à de telles expériences était en train de s'éteindre pendant la période grecque. Par l'enseignement d'Aristote, Alexandre a encore vécu les éléments de cette manière. R. Steiner ajoute dans le même ordre d'idées :

« C'est ainsi que l'élève d'Aristote montrait la direction du nord-ouest et disait : là je ressens les esprits de l'eau venant agir sur terre. De même il montrait la direction du sud-ouest et disait : de là je ressens les esprits de l'air ; de même il montrait la direction du nord-est, d'où il voyait venir le vol des esprits de la Terre. De même il montrait la direction du sud-est, vers l'Inde, et voyait arriver, voguant dans leur élément, les esprits du Feu. »

Cette expérience des éléments s'est fondue dans celle des quatre points cardinaux, et ainsi naquit le schéma des deux croix, lesquelles sont placées l'une par rapport à l'autre dans un angle de 45°. Cette disposition ne provient pas d'une spéculation, mais de l'expérience. Elle reproduit des faits de la nature et leurs enchaînements réguliers, lorsque l'homme observe et explore le monde en deçà de l'horizon. Lorsque cette règle fut découverte, elle put également être appliquée indépendamment des points cardinaux, et elle a prouvé sa vaste fécondité pour la vie de la connaissance dans l'Antiquité et au Moyen Age.

Les expériences vivantes ont disparu très peu de temps après la période d'Alexandre, mais le schéma de la double croix resta et fut, durant tout le Moyen Age jusqu'aux temps modernes, le fondement de la connaissance de l'homme et de la nature, particulièrement dans l'art de guérir. On ne parlait plus des créatures de l'eau, des éléments, mais de qualités, et on nommait les quatre éléments les qualités primaires, et le chaud, le froid, etc., les qualités secondaires. Au Moyen Age on élargit cette théorie en distinguant des degrés dans les qualités secondaires. Par exemple on disait : la rose est froide dans le premier degré et sèche dans le deuxième 34. On examinait et on employait les remèdes selon ces points de vue. Par l'exagération de cette division en degrés et parce que sont apparues de toutes nouvelles voies de connaissance, l'enseignement des quatre éléments et des qualités disparut petit à petit de la science. Les faits de la nature et de l'homme qui leur correspondent n'ont pas disparu ; ils devraient simplement être compris de manière nouvelle. L'homme moderne ne peut plus les vivre en les ressentant dans son corps ni les percevoir comme des êtres spirituels. Il dispose de la perception et de la pensée. Il apparaît alors que les quatre éléments, les qualités primaires, sont des idées, et les qualités secondaires des perceptions.

Les éléments ne sont pas perceptibles par les sens ; ils apparaissent dans notre monde sensible grâce aux quatre qualités secondaires, c'est-à-dire que chacune des quatre qualités secondaires est la manifestation de l'action conjuguée des deux éléments voisins. Dans l'humide apparaît dans le monde sensible l'action conjuguée des éléments eau et air. Les autres combinaisons se déduisent du schéma.

Les quatre éléments constituant chaque fois une paire solidaire de l'un des quatre éthers, comme cela a été exposé plus haut, on peut se demander si les quatre éthers peuvent être combinés d'une manière cyclique semblable, c'est-à-dire en forme de croix.

Les éthers sont des idées comme les éléments. Dans quels phénomènes perceptibles leur action conjuguée apparaît-elle ?

Comme les Grecs ne connaissaient qu'un éther indifférencié, ils ne pouvaient pas poser cette question et y répondre. Nous devons chercher la réponse par la pensée et trouver les phénomènes dans le domaine organique. Quelle est la perception qui résulte de l'action conjuguée de l'éther de chaleur et de l'éther de lumière ? L'éther de lumière est la force amplificatrice et créatrice d'espace, l'éther de chaleur est le temps qui fait mûrir (il agit en collaboration avec le feu et la chaleur qui se dissipe). Théoriquement l'action conjuguée de ces éthers aboutit à la constitution d'espace dans un intervalle de temps. Prenons comme exemple un grain de blé (d'été) qui germe dans la terre : il sort de terre, se dresse pendant 4 semaines, et peut-être aura-t-il alors la hauteur d'un empan. Pendant six nouvelles semaines il s'étire encore et atteint sa pleine hauteur.

Qu'est-ce qui est devenu visible par l'action conjuguée des deux éthers ? La croissance du blé, la longueur ou la taille de la plante. Qu'apparaît-il par l'action conjuguée de l'éther de lumière et de l'éther de son ou éther chimique ?

L'éther de lumière crée l'espace, l'éther de son sépare et ordonne (comme dans le cas d'une image sonore de Chladni). La plante en poussant ne reste pas seulement une simple lign e, une tige nue ; elle forme des feuilles, des rameaux, des fleurs, des fruits. Imaginons une renoncule ou un pied de tomate. Une forme spatiale naît très divisée.

L'éther de lumière et l'éther de son ou éther chimique font apparaître l'organisation de l'espace. Il naît différents membres qui constituent les séparations et les arrangements d'une unité d'espace. En musique, on peut également parler de divisions, elles ont un caractère plus temporel, mais lorsqu'elles résonnent, elles sont de même des divisions de l'espace.

Qu'apparaît-il quand l'éther de son ou éther chimique s'unit à l'éther de vie ? L'éther de vie est la force vivifiante créatrice d'un tout se limitant par une peau. A l'intérieur tout se subdivise et s'ordonne par l'éther de son. Ce qui apparaît sont des organes, des unités fractionnelles, foie, poumon, rein, etc. Ils sont aussi limités chacun par une peau à l'intérieur de laquelle se déroule chaque fois un chimisme séparé, une vie particulière.

Quel phénomène résulte-t-il de l'action conjuguée de l'éther de vie et de l'éther de chaleur ? Un ensemble déroulé dans le cours du temps (l'âge). Chez un homme de soixante-dix ans, l'ensemble a été pendant soixante - dix ans maintenu dans le temps par l'éther de chaleur, pendant soixante -dix ans de la chaleur est née en lui, et s'est dissipée.
On peut aussi demander : que se forme-t-il et qu'apparaît-il par l'action conjuguée des éthers situés l'un en face de l'autre ? Par l'action de l'éther de chaleur et de l'éther de son ou éther chimique, il se forme un chimisme mûrissant, lorsque par exemple la cerise verte se transforme en fruit mûr sucré. C'est également le cas lorsque les cellules sexuelles, qui sont déjà présentes à la naissance de l'homme, commencent à devenir actives.

On peut appeler « processus » ces phénomènes chimiques qui naissent de l'action conjuguée de l'éther de chaleur et de l'éther chimique.

Entre l'éther de lumière et l'éther de vie un ensemble se forme, grandit et se métamorphose. On pense aux transformations qui s'accomplissent depuis le nouveau-né jusqu'à l'adulte ; ou à la transformation plastique d'un oeuf de grenouille jusqu'à la grenouille achevée. On peut appeler cela formation de la silhouette ou conformation. Ces réflexions sur l'action conjuguée des paires d'éthers conduisent à comprendre qu'en réalité non seulement deux éthers à la fois collaborent, mais toujours tous les quatre, et à vrai dire dans toutes les combinaisons possibles. Cela devient évident avec le développement de l'oeuf de grenouille jusqu'à la grenouille achevée : la formation progresse grâce à des processus chimiques, la croissance se fait avec l'apparition des membres et la formation d'organes, le tout dans le cours d'une vie.

On arrive ainsi au fondement même de la vie. Nous avons caractérisé les actions des éthers dans les phénomènes vitaux chez la plante, l'animal et l'homme. Les éthers dans leur quadruple collaboration sont les véritables forces de vie.

Ce résultat de notre vision de l'éther correspond aux investigations et aux descriptions de la science spirituelle anthroposophique. L'action conjuguée quadruple des éthers est la base de tous les êtres vivants terrestres. R. Steiner décrit le corps éthérique comme composé de ces quatre éthers et constituant le principe de vie de tous les êtres vivants. Ce qui a été exposé ici n'est pas encore le corps éthérique. On a seulement caractérisé les forces de vie agissant en général dans un corps éthérique. Les quatre éthers peuvent bien faire naître taille, membres, organes, formes, processus, etc., mais seulement en général. Ils agissent de la même manière dans le blé, la grenouille, comme dans l'homme. Pour qu'une feuille ou une fleur, une main ou un poumon se forme, d'autres forces doivent s'ajouter aux quatre éthers. Ce sont les forces formatrices, qui sont des forces supérieures ; elles dirigent les éthers de telle sorte qu'ils produisent une feuille ou un fruit, une plante ou un animal. Pour que naisse une espèce déterminée, un perce-neige ou une rose, une truite ou une hirondelle, les forces créatrices de l'espèce doivent encore se lier aux éthers. Alors seulement la force formatrice de vie est constituée et celui qui perçoit le suprasensible perçoit le corps éthérique ou corps de vie, qu'on peut appeler le corps de forces formatrices. Les forces formatrices peuvent être explorées comme cela a été indiqué dans les premières pages. Mais auparavant un autre domaine du monde doit encore être décrit, car éléments et éthers seuls ne fournissent pas encore la clé de la totale réalité sensible. Les forces de l'électricité, du magnétisme et d'autres forces semblables en font encore partie. Par nature opposées aux éthers, elles ne sont pas en rapport avec la périphérie. Ce sont des forces centrales qui, dans la réalité de la nature, agissent d'en bas, de la terre, comme issues de son centre, tout comme les éthers agissent d'en haut, de la circonférence cosmique. R. Steiner les a appelées forces centrales ou « forces d'en bas » (U-Kräfte). Éléments, éthers et forces centrales ensemble fournissent seuls la base du monde et le matériau pour l'action des forces formatrices.




Ernst Mati




                                                                               

Commentaires

  1. Merci pour cet article ! Savez vous dans quel écrit de Steiner l’on pourrait en apprendre le plus sur ces quatre « bases » que sont forces-processus-forme-matière ? (Introduction aux écrits de Goethe ?)

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    1. Il me semble que des ouvrages comme "Lumière et matière" et "Chaleur et matière" (EAR) peuvent vous renseigner. "Introduction à la science de l'occulte" expose en grande partie les corrélations entre ces 4 ethers au fil de l'évolution de la Terre et de l'Homme. Enfin, les ouvrages du Dr Bott sont très éclairants pour la thérapeutique. Bien à vous.

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